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Biographie :

Arriver sans se perdre.

Arriver à poser son sac à dos au sec.

Arriver à se donner une contenance avec sa mine toute fraîche.

Arriver à surmonter l'épreuve cinglante de ne rien comprendre.

Arriver à saisir (sans se décourager) qu'on n'est en fait du tout arrivé et que la zone de la zone, où on pensait enfin se poser, est un cran plus loin ou plus bas.

Arriver à revenir, arriver à rester, à repasser sans rester, c'est encore d'autres étapes. Il y a quelque chose d'élastique ou de tout simplement adhésif dans cette zone.

On n'en finit pas d'arriver, parce que la zone a mille facettes. C'est irritant, absurde ou merveilleux, selon son humeur, sa plus ou moins connaissance des lieux, son histoire militante, ses contraintes hors zones.

Dans tous les cas, arriver, c'est plonger dans le lagenn.

[Lagenn (n.f.) ['lagen:]. En breton : cloaque, bourbier, endroit humide et collant dont on n'arrive pas à se dépêtrer. "Être dans le lagenn" : par extension, en français local de Basse-Bretagne, être en mauvaise posture, être dans le pétrin.]



Ce livre a été écrit collectivement par Audrey, Bass, Gio, Sélène, Léo, Luce, Sandhi, Yael. Nous avons en commun d'avoir fait des études supérieures, d'avoir des papiers français et d'être classé.e.s blanc.he.s. Nous sommes féministes, anars, syndicalistes, queers, écolos, communistes, libertaires, autonomes, bretonnant.e.s, anti-racistes. Ou complètement largué.e.s.
Notre collectif s'est constitué autour de l'écriture de ces fragments.

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Source : https://www.editionspetra.fr/livres/fragments-de-zad-recits-croises-dallers-et-retours-notre-dame-de
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Collectif Les Navettes
C'est la fin de la matinée et je décide de m'extirper de la cabane du Port pour aller donner un coup de main à Mathieu. Il m'a dit tout à l'heure qu'il allait faire des semis dans la serre (la Cosmoserre entre le Far Ouest et le Port). Quand j'arrive un mec est en train de bricoler sur la "cabane de jardin" qui commence plutôt à ressembler à une tour hallucinante. Elle est juste à côté de la serre. Mathieu arrive en même temps que moi avec une brouette pleine de terre qu'il a été chercher dans une butte pas loin. Il a aussi été chercher des pots et un arrosoir à la Gare, un lieu plus à l'Est où il y a des cabanes perchées en haut des arbres, à une quinzaine de mètres du sol. J'adore cet endroit. J'y suis passée il y a quelques jours avec Lulu. Les rayons du soleil traversaient la cime des grands arbres et éclairaient des coins de cabane si hautes que j'ai renoncé à y monter (il n'y avait pas d'échelle, juste des cordes et les branches auxquelles s'agripper). Le lieu est vide depuis les expulsions de 2012. Mais toutes les choses nécessaires au quotidien sont encore là, comme si les habitant.es étaient parti.es du jour au lendemain. J'avais passé l'info en rentrant au Port qu'il y avait plein de pots de fleurs qui traînaient là-bas. Je suis contente d'avoir été entendue et que ça ait été utile à Mathieu.
Il se met à faire des semis, dehors, juste devant la serre. [...] Au moment de rentrer tous les pots à l'intérieur de la serre, Mathieu s'énerve :
- Merde, c'est n'importe quoi tous ces trucs ! Et en plus ça prend toute la place !
Ces "trucs" ce sont d'autres pots remplis de terre, avec ou sans étiquette qui sont posés sur les seules étagères de la serre.
Je lui dis :
- Ah oui je crois que c'est les pots de Lucio et Anatole, iels font des expériences !
- Merde mais c'est vraiment n'importe quoi cette façon de planter. Faut mettre des étiquettes ! Et puis s'agit pas de mettre une graine dans la terre et de plus s'en occuper !
- Oui mais peut-être qu'eux ils savent ce que c'est, non ? Et puis il y a des étiquettes, regarde !
Je lui montre. Ce sont des mots comme "joie", "tristesse", ou encore "colère" qui sont inscrits en fait. Je me rappelle que Lucio m'avait expliqué qu'il cherchait à comprendre si cela pouvait avoir une influence sur les plantes. Plus précisément, il avait remarqué que les plantes avaient une influence sur lui, alors il a voulu comprendre s'il a une influence sur elles. Anatole, elle, me racontait l'autre jour un moment hyper intense qu'elle avait vécu la veille :
- J'allais récupérer de la terre pour en mettre dans les pots. Je faisais des p'tits tas, j'enlevais les feuilles, je me disais hop, ce tas-là sera utile pour le compost, et ainsi de suite. Et puis là où j'avais creusé j'ai mis les graines, pour essayer que tout roule, que ça serve à quelque chose si je prenais de la terre ici, comme font les animaux au final. Genre, les cochons, ils vont manger les racines dans la terre mais ils la retournent en même temps, ils participent à un cycle. Je me suis sentie presque débordée par cette connexion à ce qui m'entourait.

J'imagine que certains des pots qu'elle a remplis ce jour-là sont aussi sur les étagères.
Je m'approche encore et je m'aperçois qu'il y a aussi des étiquettes avec des noms de fruits et légumes en tout genre (kiwi, pomme, navet, carotte) et me souviens qu'ielles avaient aussi mis des noms de plantes au hasard, pour voir.
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C'est l'hiver. Il fait froid. Il pleut. Ça doit faire au moins cinq heures que je suis partie de Brest. En stop. Comme si je ne voyais pas assez de pluie et de gadoue toute l'année. Quelle idée d'aller me les geler dans un marais en cette saison. C'est la première fois que je viens, et j'ai pas vraiment un a priori très positif.
Parce que la zad de Notre-Dame des Landes, ça a beau être le dernier lieu à la mode dans l'autonomie-radicale-chic, une zone-humide-réservoir-de-biodiversité, une brèche-où-s'expérimente-le-communisme, ce qu'on m'a dit c'est que c'est surtout un marais. Geunioù, comme on dit en breton. Et passer ses vacances dans un marais au mois de novembre, on pourra dire ce qu'on veut, c'est complètement con.
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