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Citation de Cannetille


Et puis, à huit heures dix-sept, alors que Nathan Walker tourne le dos à la paroi, Rhubarbe Vannucci fait sa première tentative de phrase complète en anglais. Il en est à la moitié de son mouvement avec sa pelle, une épaule levée, l’autre baissée. Sans que Walker le voie, un trou minuscule vient d’apparaître dans la paroi, point fragile dans le lit du fleuve. L’air sous pression s’y engouffre en sifflant. Vannucci attrape un sac de foin pour combler la brèche, mais tout autour la terre part en tourbillon, l’air s’échappe, et l’orifice s’élargit. Au début, il est gros comme le poing, puis comme un cœur et comme une tête. L’Italien, impuissant, voit le jeune Noir projeté en arrière. Walker ne tient pas au sol. Il glisse vers le trou qui s’agrandit, il est aspiré à l’intérieur, sa pelle d’abord, puis ses deux bras tendus, suivis de la tête, jusqu’aux épaules, et là, son corps est arrêté et fait bouchon. Le haut du torse est prisonnier du limon tandis que les jambes sont toujours dans le tunnel. Walker se trouve face à la caillasse et au sable du fleuve. L’air qui s’échappe lui pousse les pieds. Il a les jambes aspirées dans un tourbillon de limon. Vannucci s’approche de la fuite et saisit Walker par les chevilles pour essayer de le tirer vers le bas. Pendant ce temps-là, les deux autres s’avancent, et ils entendent les paroles de l’Italien se répercuter autour d’eux :
« Air fout l’camp ! Merde ! »
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