Ces préjugés ont la vie dure. Ils expliquent que les agriculteurs et les éleveurs, après la Seconde Guerre mondiale et surtout dans les années 1960 et 1970, se soient massivement tournés vers un modèle industriel, s'endettant pour pouvoir se procurer du matériel sophistiqué, acceptant la transformation des fermes en usines et la suppression des bocages et optant pour la monoculture ainsi que pour l'utilisation de produits phytosanitaires censés augmenter la rentabilité. Leurs enfants, quand ils n'ont pas fui vers les villes, ont renié le savoir-faire de leurs parents pour adhérer aux normes d'une agriculture productiviste qui devait, en outre, leur permettre de coller aux standards dominants, c'est-à-dire aux critères de la réussite telle que les urbains la définissent.