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Citation de SeriallectriceSV


Elle le prépara dans cette poche de temps qui précède l’aube, quand la nuit vieillissante rassemble ses sombres jupons pour se figer dans l’immobilité. Elle le prépara avec douze œufs frais, encore tièdes et mouchetés de plumes. Elle les lava, elle les cassa, l’un après l’autre, retenant le jaune doré au creux de sa paume tandis que le blanc filait entre ses doigts écartés. Elle les mit dans son saladier de porcelaine à fleurs. Alors qu’on était en 1974, Celia Jennings faisait encore la cuisine sur un poêle à bois, elle montait encore ses blancs d’œuf en neige mousseuse avec un fouet, du muscle et de la patience. Elle utilisait de la vanille pure, le même liquide sucré qu’elle versait dans les bains du samedi soir quand leur père, le révérend Jennings, revenait en ville. Le beurre venait de sa propre baratte, le sucre glace du P & K. Et tandis qu’elle incorporait l’aube, la rosée d’une goutte de sueur vint saler le mélange. Le gâteau, dans le four, leva avec le soleil. Ephram dormait quand le gâteau glissa de son moule, si sucré qu’une croûte s’était formée sur les bords émiettés, si léger que des petits cratères s’étaient dessinés à la surface, si humide qu’à coup sûr, comme cela se passait toujours, il resterait collé entre les trois dents de la fourchette d’argent de sa sœur. Celia Jennings n’utilisait jamais de couteau pour couper son blanc gâteau des anges. « Ce serait comme prendre une hache pour écorcher un lapin », disait-elle toujours. Le gâteau refroidissait lorsque Ephram se réveilla. Il se fixa dans sa forme définitive pendant qu’Ephram se baignait et s’habillait pour démarrer la journée.
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