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5/5 (sur 4 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Caen , le 13/11/1957
Biographie :

Daniel Juré est peintre, photographe, sculpteur-céramiste et auteur français.

Ses œuvres ont été exposées dans de nombreux musées, en France et à l’étranger.

Il rencontre Katia Boyadjian (qui deviendra photographe), avec qui il partage la passion de la peinture. Parallèlement au dessin, à la peinture, il poursuit un travail littéraire et devient photographe en 1994 au cours d’un séjour en résidence d'artiste en Égypte. Plusieurs voyages et résidences d'artiste à Alexandrie donnent lieu à une œuvre photographique, picturale et littéraire importante et de nombreuses expositions dans les institutions, musées en France et en Alexandrie.

Suit un travail photographique sur le port de Caen "Quai des Songes" présenté au Musée de Normandie puis un Voyage en Arménie, photographie, peinture et poésie présenté au Musée des beaux-arts de Caen.

Dans le même temps et pendant quatre années, il entreprend avec Katia Boyadjian une longue série de portraits en maisons de retraite de la région normande.

Auteur de plusieurs recueils de poèmes, de livres de photographie, de dessin, "La Belle Zélie" (2018) est son premier roman.

Il vit et travaille à Reviers dans le Calvados en Basse-Normandie.

site officiel : http://www.daniel-jure.com/

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Bibliographie de Daniel Juré   (5)Voir plus

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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
La veille, William Apollinaire de Saint-Anselme s'était pourtant distingué retrouvant sa verve ancienne sortie d'entre les pages de ses grosses reliures de maroquin rouge. Pire qu'un Diogène de Sinope fanal de chef de gare au poing qui chercherait la vérité sur un quai en prenant le tableau des horaires pour une énigme bergsonienne. Derrière les rideaux du bureau chez le notaire on avait téléphoné à la police municipale pour disperser l'attroupement qui s'était formé autour du philosophe. Le gyrophare envoyait ses signaux de détresse. Balise Argos, fort coup de vent si ce n'est pas déjà la tempête... à sec de toile, en cape sèche l'agrégé aviné.
Pourtant si quelque personne d'esprit ou promeneur de cœur altruiste avait montré un minimum de curiosité au verbe haut dans la tourmente, il aurait suivi cette ombre grotesque qui va se déformant, s'étirant au gré des soubassements par les ruelles mal éclairées pour rejoindre son gîte d'homme blessé. Déchéance contrefaite ? Possible...
Il sort de la poche droite de son veston de tweed une grosse clé comme on n'en fait plus. Son geste emprunté d'ivrogne lui confère une parenté avec les cormorans mazoutés après la marée noire. Le coude à l'angle droit haut levé la clé croche dans la doublure. Le ressort tressaute dans la serrure. La porte en chêne grince sur ses vieux gonds. Même embarras en sens inverse pour remettre la clé dans la poche en prenant des aises d'homme satisfait. Du plat de la main qu'il a roide comme un battoir en buis il lisse le rabat en souriant de contentement l'air complètement ahuri, fixe son attention sur l'entour, l'œil tourneboule, la mine sévère se détend, tout est en place nulle trace d'intrusion suspecte. Dans son fauteuil Voltaire il s'affale un ressort crève le fond lamentablement. Il repose, sa moue dubitative marque un temps de l'ivresse. Il cuve... knock down selon l'arbitrage.
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Revenons aux cheminées qui fument sur le soir paisible et provincial. Alors que le service de table s'est accompli chez le notaire Clérambault dans l'intimité la plus feutrée, que les persiennes occultent chez tout un chacun la vie domestique. Par les rues pavées qui convergent vers le port, depuis les beaux quartiers s'acheminent furtifs, le dos rond, tels des rats d'égouts dans une buse souterraine, incognitos dans leur pardessus d'ombre les messieurs du cénacle en goguette pour leur rendez-vous discret à bord du Pocock.
La nuit est d'encre. Les grues ont cessé leur giration obsédante au-dessus des cales béantes. Sur la coupée Rémi Francœur commandant du port précède ses acolytes qu'il va présenter au commandant du navire chypriote lorsque tous seront regroupés sur le château arrière. Une lampe torche éclaire d'un cercle restreint les souliers distingués sur lesquels casse un revers élégant, le notaire ferme la marche.
Bien que le Pocock navigue sous pavillon chypriote l'équipage asiatique est recruté en Indonésie. Cet équipage articule un anglais approximatif dans une tonalité suraiguë mais le capitaine grec est polyglotte qui s'entretient avec le commandant du port. Les autres se tiennent en retrait le col relevé leurs mains au plus profond de leurs poches, mi-enjoué mi-anxieux au terme du marchandage.
Des hauteurs de la passerelle la ville nocturne ressemble à une fête foraine désertée. Des chalutiers retour de mer embouquent le sas. De loin on n'en distingue que les feux de position, les machines martèlent le silence puis s'éloignent dans la nuit où tout redevient néant qui se resserre autour des halos des réverbères du quai.
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Daniel Juré
— Lucile, vous pensez à quoi ?
— Vous croyez qu'elle nourrit ses lapins ou ses chats ?
Le bœuf mode lui plaît, les frites débordent l'assiette, elle en rattrape sur la nappe en papier pour les tremper dans la sauce. Toute à sa déglutition elle s'explique à voix retenue :
— D'abord elle est chinoise. Ensuite son look collège, petite fille rétro jupe plissée à ras l'cul chaussettes qui montent sur les g'noux. On n'en voit des comme ça que sur les escaliers du Sacré-Cœur ou devant Notre-Dame, des touristes made in China. Mais là... c'est chelou... On la suit pour voir. Ce soir sur le coup de huit heures on se planque derrière les voitures en stationnement et on lui file le train à distance.
— Prévenez plutôt la gendarmerie, ce ne sont pas nos affaires.
— Et pourquoi pas l'assistante sociale et le service d'immigration ? Dites-leur aussi pour les Pakistanais sans papiers qui bossent gracieusement où elle prend son en-cas dans les poubelles avant de jouer au petit chaperon rouge qui s'en va par le bocage porter un restant de lasagnes et un trognon de pomme à sa mère-grand. Ce que vous pouvez être nul des fois.
— Vous voulez me faire tourner en bourrique, c'est ça ?
— Ou bien vous faire devenir chèvre, Brice faites-moi plaisir ?
Elle lui prit le poignet sur la nappe souillée où leurs verres laissaient une empreinte circulaire mauve qu'il fixait obstinément.
— Il faut m'accompagner, elle a besoin d'aide j'en suis sûre.
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— Lucile, vous pensez à quoi ?
— Vous croyez qu'elle nourrit ses lapins ou ses chats ?
Le bœuf mode lui plaît, les frites débordent l'assiette, elle en rattrape sur la nappe en papier pour les tremper dans la sauce. Toute à sa déglutition elle s'explique à voix retenue :
— D'abord elle est chinoise. Ensuite son look collège, petite fille rétro jupe plissée à ras l'cul chaussettes qui montent sur les g'noux. On n'en voit des comme ça que sur les escaliers du Sacré-Cœur ou devant Notre-Dame, des touristes made in China. Mais là... c'est chelou... On la suit pour voir. Ce soir sur le coup de huit heures on se planque derrière les voitures en stationnement et on lui file le train à distance.
— Prévenez plutôt la gendarmerie, ce ne sont pas nos affaires.
— Et pourquoi pas l'assistante sociale et le service d'immigration ? Dites-leur aussi pour les Pakistanais sans papiers qui bossent gracieusement où elle prend son en-cas dans les poubelles avant de jouer au petit chaperon rouge qui s'en va par le bocage porter un restant de lasagnes et un trognon de pomme à sa mère-grand. Ce que vous pouvez être nul des fois.
— Vous voulez me faire tourner en bourrique, c'est ça ?
— Ou bien vous faire devenir chèvre, Brice faites-moi plaisir ?
Elle lui prit le poignet sur la nappe souillée où leurs verres laissaient une empreinte circulaire mauve qu'il fixait obstinément.
— Il faut m'accompagner, elle a besoin d'aide j'en suis sûre.
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Le rédacteur en chef avait réussi à me convaincre de l’utilité de faire passer mon article sur deux pleines pages accompagné de photos navrantes à faire pleurer dans les chaumières ; bien que le terme ne suscite plus guère d’images concrètes que dans les mémoires notre magazine luxueux s’adressant davantage aux tables basses des salles d’attente des professions libérales. Un article sur la débine existentielle, sans doute, mais sans trop appuyer sur la tragédie intime. Non, l’article de routine, le truc attendu qui finalement conforte les bien-pensants des classes sociales qui ont du loisir, de la perspective, pour alimenter la conversation entre-soi. Nous étions entendus pour un énième papier sur la misère des SDF en France vu qu’un meurtre particulièrement crapuleux avait exacerbé la conscience collective : un pauvre bougre que des ados avaient torturé et noyé à Bercy entre deux péniches-restaurants où le malheureux avait ses habitudes alimentaires dans le conteneur des cuisines sur le quai. Turpitudes d’une époque où les pouvoirs publics, comme l’on dit, n’ont aucun pouvoir sur les gamins pervertis par… par quoi au juste ?
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Elle nage (car elle sait nager), elle brasse l'eau froide de novembre en suffocant mais ne succombe pas, les pans de son manteau étrangement font deux nageoires à ses côtés. L'homme, celui qui sans doute est le père s'est précipité au bas de l'échelle à fleur d'eau a repris sa fille qui sait trop bien nager.
Elle pleure, elle tremble ils lui disent qu'enfin ce n'est pas raisonnable, qu'il est parti...
Elle veut Pierre elle le dit entre deux sanglots et derechef elle saute à l'eau et le sauvetage a lieu encore, encore il la récupère.
Maintenant ils prennent garde de la tenir éloignée de l'eau noire de novembre, elle pleure doucement elle dit qu'elle veut Pierre ils disent que cela ne se peut...
Elle grelotte ils l'emportent loin des regards il n'y avait que le mien. Si j'étais Pierre, pierre qui roule, pierre à son cou je l'aurais reprise par-delà les arbres qui bruissent sous l’embellie ma belle noyée, ils formeront fumées aux brumes demain. Sous le théâtral azur, vivre, passe, pair et manque la grande vie est celle qui nous tue.
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D’illustres voyageurs ont foulé les déserts égyptiens, je ne vous parle pas de Napoléon… ni même d’Alexandre le Grand ! Vous choisirez vous-même vos affinités. Aujourd’hui que l’invasion touristique met à plat la sphéricité planétaire je pense à Nerval, à Flaubert ! N’y pensons plus, oublions les secrets déserts et les beaux esprits. Balivernes poétiques ? Balivernes de toutes façons, "le sage comme l'idiot exprime peu" l'ordinaire est bavard.
Il fait beau et frais sur la corniche. La flottille de pêche se dandine sur ses aussières.
Alexandrie nulle part… le muezzin en rumeur s’épuise où le vent de nuit a laissé l’espace vide et le temporel est une prière.
Le bus déglingué semble ne jamais devoir repartir. Ferrailles et fumées sont les soucis des Égyptiens, l’huile des carters moteur se mêle à la poussière, de longue date fait une croûte sur la voirie, la foule de midi piétinera cette panure durcie, la tassera encore pour mille ans le croirait-on ! Ici tout n’est que poussière la vanité en moins.
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J’ai suivi le quai des Orfèvres jusqu’au Vert-Galant. Là dans un bosquet de lauriers palmes à croupetons dans l’humus et l’odeur de latrine une main sur le Beretta je me suis mis en faction. J’ai pas attendu longtemps. Surgies de nulle part trois ombres se sont dirigées droit sur le bivouac nécessiteux. Elle avait raison leur idiome ressemblait bien à du roumain ou voisinant… D’abord des tartes et le malheureux fut sorti de son sac de couchage sur la menace d’une matraque. Deux s’occupaient à la besogne l’autre en retrait faisait le guet. J’étais à moins de dix mètres, j’ai tiré au juger il est tombé sans un râle. L’énormité de la déflagration se propagea à fleur d’eau. Le retour de silence m’exalta. C’était aussi simple que ça. Sans égard pour le mort les deux avaient disparu dans la nuit. Je restai tapi dans mon bosquet le temps de constater que le dormeur des rives était sain et sauf et avait bien conservé son avoir.
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Daniel Juré
J’ai suivi le quai des Orfèvres jusqu’au Vert-Galant. Là dans un bosquet de lauriers palmes à croupetons dans l’humus et l’odeur de latrine une main sur le Beretta je me suis mis en faction. J’ai pas attendu longtemps. Surgies de nulle part trois ombres se sont dirigées droit sur le bivouac nécessiteux. Elle avait raison leur idiome ressemblait bien à du roumain ou voisinant… D’abord des tartes et le malheureux fut sorti de son sac de couchage sur la menace d’une matraque. Deux s’occupaient à la besogne l’autre en retrait faisait le guet. J’étais à moins de dix mètres, j’ai tiré au juger il est tombé sans un râle. L’énormité de la déflagration se propagea à fleur d’eau. Le retour de silence m’exalta. C’était aussi simple que ça. Sans égard pour le mort les deux avaient disparu dans la nuit. Je restai tapi dans mon bosquet le temps de constater que le dormeur des rives était sain et sauf et avait bien conservé son avoir.
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Daniel Juré
Un promeneur libéra son chien générique dont l’ADN, à force de croisements, avait fait cette race de clébards passe-partout résistante à tout. Le maître suivit le chien-chien du regard, ses premières évolutions sur le quai. La satisfaction se lut sur la silhouette ramassée sur son ordinaire quand le chien urina sur la bordure de gazon. Déjà il préparait le sachet à crottes. Ne jamais en arriver là. J’ai enfoncé mes deux mains au plus profond de mes poches – c’est ainsi que je retrouve l’intimité nécessaire pour survivre dans le désordre à vue. La silhouette grise empoche le sachet de crottes tièdes, à la température des intestins de la bête, sous peine de verbalisation. L’homme social s’habituait à tout. La question imminente était celle-ci : quand un chien a la colique ? le maître tremble-t-il de voir surgir la police ?
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— Il s’en est fallu d’un cheveu ! Sans son regard rapide, sans ses yeux de lynx, XXX XXXX, en ce moment, ne serait peut-être plus de ce monde ! Quel désastre pour l’humanité ! Sans parler de vous, Hastings ! Qu’auriez-vous fait sans moi dans la vie, mon pauvre ami ? Je vous félicite de m’avoir encore à vos côtés ! Vous-même d’ailleurs, auriez pu être tué. Mais cela, au moins, ce ne serait pas un deuil national ! Héros de Agatha Christie

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