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Citation de Tricia12


Il fut un temps où l'épreuve de français du baccalauréat proposait un exercice intéressant. Il s'agissait de résumer au quart de sa proportion (plus ou moins 10%) un texte suffisamment chargé de sens pour justifier un traitement aussi barbare. Morceaux choisis de philosophie, d'anthropologie, d'économie, d'ethnologie, de psychologie ou de sociologie, chroniques de l'air du temps, articles polémiques autres éditoriaux étaient ainsi proposés à la sagacité broyeuse du candidat. Aucun auteur n'y échappait: Paul Valéry et Roland Barthes eux-mêmes, si concis de réputation, étaient voués à l'essorage comme les autres. Nous aimions beaucoup cet exercice, mes élèves et moi. Toutes les semaines nous jouions ensemble au presse-citron lucide. La proportion de sens extraite de nos quatre-quarts se matérialisait en résumés très claires parfaitement calibrés: nous étions intelligents. Se posait alors la seule question vraiment intéressante: à quoi servaient les trois quarts du texte que nous avions fichu à la poubelle? Réponse: à faire de ce texte un organisme vivant. À faire ce cette écriture un style. À faire de cet auteur un individu singulier. Nous avions extrait le sens de la vie, ici gisait la vie du sens.
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