Danièle Duteil

Ce recueil est l’œuvre d’un collectif, très vaste puisqu’il regroupe une centaine de noms.

Son atout est d’être très varié (bon, c’est quand même beaucoup de mer, de granit et d’hortensias).

Sa faiblesse est d’être très inégal.

Ce que j’aime dans les haïkus, c’est (entre autres choses) la petite surprise que recèle toujours la ligne finale. Ici dans nombre de poèmes, pas toujours de surprise : on a une phrase découpée en trois lignes et point.

J’ai tout de même trouvé certains très beaux :

"Le jour se lève

sur l’île aux Oiseaux

Mon regard s’envole" (Catherine Baumer)

D’autres très drôles :

"Pointe du Raz

au bout de l’index

l’Île de Sein" (Anne Brousmiche)

Ou encore :

"Pointe de la Garde

pour bondir de la falaise

il faut être un fou" (Cyrille Soliman)

… ou tellement évocateurs :

"marée de 108

un paysage de fesses

les pêcheurs à pied" (Cristiane Ourliac)

Bref, il vous plaira peut-être de l’avoir dans votre poche pour voyager en Bretagne, ça vous mettra dans l’ambiance ; et même dans la musique de la langue car une partie (traduite je vous rassure) est en breton.

Illustrations très jolies de Lisa Bourdon.

Il s'agit de haïkus de forme assez libre, ancrés dans la région de l'auteure, qui a eu la bonne idée de s'adjoindre les services d'un haïdouc du pinceau de Constanța, Ion Codrescu, dont j'ai beaucoup apprécié les haïga, genre que j'ai découvert à cette occasion, fusion du texte et du dessin. Quand "le rouge-gorge plastronne", c'est pour admirer peut-être cette silhouette si féminine dont le vent soulève l'écharpe. "Qu'importe" que ce soit la saison des "feuilles qui tombent" (p.75). De vol il est aussi question dans ces délicates "brumes de décembre" de la page 79. Quand l'amertume du café chatouille mon âme estomac l’œil se délecte de la fine noirceur de l'encre.

L'objet retrouvé, collectif de haïkus, regroupe les textes de 146 poètes sur le thème de l'objet qu'on retrouve mais cela peut être aussi un souvenir, un concept ou une personne.

Ces haïkus disent l'attachement à des petites choses, à des endroits, des personnes ou une période de la vie.

Le parti-pris étonnant de Danièle Duteuil, coordinatrice de l'ouvrage, est de ne pas écarter de sa sélection des haïkus lorsque les textes sont assez ressemblants.

Ce choix m'a permis de me rendre compte à quel point la toile de nos souvenirs est faite du même fil.

C'est un peu déconcertant et aussi très beau.



encore si petit

dans mes yeux de mère -

ses premiers chaussons

- Mélanie Bosc

*

la courbe de ses yeux

dans les traits du petit-fils

un peu de mon père

- Danièle Duteil

*

Carnet de guerre

découvert au grenier

ils s'aimaient tant

- Germain Rehlinger

*

juin quarante-deux

la fin des hostilités

je revois ma mère

- Salvatore Tempo

*

champ semé

l'épouvantail enfile

la veste de pépé

- Sylvie Salaün



Un joli recueil.

L'art d'écrire des haïkus est un manuel d'initiation au haïku.

Je le trouve très réussi car il a des qualités indéniables.

Simple, il se concentre sur l'essentiel, c'est-à-dire ce qui est vraiment important.

Le haïku semble en effet très facile à écrire mais ce petit poème doit répondre à une série de critères ou concepts qu'on met un certain temps à maîtriser.

De nombreux livres ou fichiers mis à disposition sur des groupes en énumèrent un tel nombre, souvent sans les contextualiser, qu'ils plongent le débutant dans la perplexité.

Dans le livre de Danièle Duteil, chaque concept important est clairement expliqué.

C'est aussi un cahier d'exercices qui permet très vite de passer de l'envie à l'écriture.

C'est donc un livre que je recommande chaleureusement.

Evasions olfactives est un recueil collectif de haïbun (prose et haïku) regroupant, sous la coordination de Danièle Duteil, les textes de vingt-deux auteurs, dont Danièle Duteil elle-même.

Les textes explorent le monde de l'encens et des parfums.

L'encens, celui de l'Orient, des rites religieux et les parfums, celui des fleurs et des grands créateurs.

Autant d'occasions de retourner dans le passé, souvent dans l'enfance, et de toucher aux souvenirs intimes auxquels ils sont associés.

Un jolie livre, des textes bien écrits et touchants.

Ce recueil de haïbun ( texte en prose avec haïku) réunit des textes qui évoquent l’encens et le parfum. C’est intéressant de remarquer comme les auteur.e.s se tournent le plus souvent vers leurs souvenirs olfactifs qui convoquent plusieurs grands-mères notamment.

Beaucoup d’émotions à partager dans cette lecture.

Vingt-sept poètes ont répondu à l'appel à textes sur le thème de l'enfance lancé par Danièle Duteuil, présidente de l'Association Francophone des Auteurs de Haïbun et auteure de plusieurs recueils de haïkus.

Dans ces haïbuns, textes mêlant prose et haïku, on découvre des enfances choyées mais aussi des enfances malmenées. L'insouciance des uns rivalise à la maturité des autres. On devine des souvenirs mais j'ai aussi été surprise par des récits que j'espère avoir été créés de toutes pièces.

On sourit, on s'émeut, on tremble car tout ce qui touche à l'enfance résonne étrangement en nous.

Ne dit-on pas qu'on ne guérit pas de son enfance ?

Ce recueil semble le confirmer.

Un de ses intérêts est aussi de réunir des auteur(e)s de différents pays, de différents âges, aux styles très variés, autour d'un même sujet.

Un livre touchant qu'on peut lire par épisodes et qui est joliment illustré par Nadège Moullet.

A recommander.

Passion Haïku est un recueil que j'ai lu avec beaucoup de plaisir.

Coordonné par Daniel Py, ce recueil rassemble des haïkus d'auteurs connus dans le monde de l'édition.

Chaque chapitre est consacré aux textes d'un auteur et est précédé d'une petite fiche d'informations suivi d'un texte écrit par l'auteur présentant sa vision du haïku et les critères qu'il juge importants.

J'ai apprécié ces petites présentations.

Le cheminement suivi par chacun ou chacune dans la voie du haïku est à cet égard très intéressant.

Cette anthologie démontre, si cela était nécessaire, la richesse de ce genre littéraire tant au niveau du style que des thèmes abordés.

C'est un joli livre que je ne peux que recommander.





élaguant les branches

je rallume

le ciel

Hélène Duc.

*

l'ami d'autrefois

si peu de choses à nous dire –

le bruit des fourchettes

Michel Duflo.

*

rangées d'éoliennes

lentement elles évacuent

un reste de nuit

Danièle Duteil.

*

dans le même port

un paquebot de croisière

un bateau de migrants

Véronique Dutreix.

*

à peine assemblé

le nouveau cerf-volant

cherche à s'échapper

Damien Gabriels.

*

Un nouveau printemps

Trop petite déjà

Sa robe à fleurs

Vincent Hoarau.

*

sur la barre du caddy

la tiédeur des mains

du client d'avant

Monique Junchat.

*

un volet claque –

l'école de musique

ouvre au soleil

Daniel Py.

*

pour un chant d'oiseau

trente enfants gardent

le silence

Philippe Quinta alias Fitaki Linpé.

*

Métro –

assise dans le coin

de mes pensées

Valérie Rivoallon.

Un recueil collectif de haïku particulièrement touchant. Ce thème de l’attachement aux objets est traité sous divers aspects, objet matériel, simple souvenir, objet recyclé, du ticket de cinéma à des lettres d’amour jaunies, en passant par les chaises du grenier ou l’épouvantail du jardin. Quelles que soient ces retrouvailles, l’émotion est au rendez-vous, la nostalgie est douce. Chacun peut se retrouver dans ces nombreux haïkus avec une connivence qui dessine un sourire sur notre propre nostalgie. Je le recommande aussi pour les illustrations qui ajoute un côté cocasse.

Cet art d’écrire des haïkus est intéressant à plus d’un titre : il s’adresse aux poètes débutants comme aux haïjines confirmés avec plusieurs clés pour animer un atelier par exemple. Les exercices d’écriture proposés sont très bien faits et peuvent être faits seul ou en ateliers. Enfin, cette méthode s’appuie sur l’histoire du haïku au Japon et en Occident, accompagnée de haïkus des classiques. Mais il offre aux débutants de nombreux et riches exemplaires de haïkus contemporains.

Un livre que je recommande chaleureusement.

Danièle Duteil est très connue dans l’univers du haïku. Auteure de plusieurs recueils et de publications dédiées aux haïku ou aux haïbun, elle nous propose ici son dernier recueil.

C’est avec un œil aiguisé qu’elle croque, en maximum dix-sept syllabes, des moments pris sur le vif, avec ce léger pas de côté, ce point de vue différent, qui convient si bien à l’écriture des haïku.



concentration

entre deux traits

son sourire

*

Fontaine de Salzen

sur chaque pierre à laver

la mémoire des femmes

*

apparition furtive

la mésange s’est emparée

du silence

*

l’âme de la nuit

un monde secret frémit

entre deux silences



Un beau recueil que je recommande.

Un très bon livre pour découvrir et s'initier à l'écriture de haïkus.



Danièle Duteil fournit bon nombre de conseils, d'exemples, d'exercices simples pour composer ces petits poèmes japonais illustrant l'instant. Elle propose également diverses idées pour organiser des ateliers ou des événements autour de la lecture ou de l'écriture de haïkus.



Enfin, l'auteur fournit de très nombreuses ressources pour poursuivre sa pratique, continuer à se documenter ou encore, se nourrir des compositions d'autres haïjins/haikistes : associations, groupes Facebook, sites, blogs ou ouvrages…