Ces très courts poèmes issus de la tradition japonaise, qui trouvent leurs prémices au XIème siècle et qui ont été pensés et promus, au XVIIème, par Bashô, le maître incontesté, sont -passez-moi l'expression- tout petits mais costauds. Quand ils sont réussis, leurs trois vers peuvent vous transporter et vous faire méditer longtemps ; ils peuvent vous faire rire ou pleurer. Vous pouvez les trouver insaisissables voire étranges.
Si la valeur n'attend point le nombre des années, en matière de poésie, la richesse méditative n'attend point le nombre de lignes. Permettez-moi un conseil : lisez, lisez, lisez, re-re-re-lisez des haïkus, au hasard, à l'impromptu, entre la poire et le fromage, puis offrez-vous du temps au quotidien, regardez, observez, émerveillez-vous et mémorisez, vous aurez alors la matière pour en écrire. Si j'en crois ma modeste expérience, il vous faudra aussi beaucoup de temps - vraiment beaucoup- pour façonner trois vers acceptables. Eh oui, on est Bashô, ou on ne l'est pas ! Mais, c'est sûrement en "haïkant" qu'on devient haïkiste.
Philosophiquement, ces écrits courts offrent une ample liberté imaginaire et nous font ré-envisager le temps et l'espace, ainsi que leur perception. Par ailleurs, point n'est besoin ni de deniers en nombre ni d'un bagage littéraire étendu pour appréhender, en toute simplicité, ces instantanés du quotidien passés au crible de votre regard et de votre sagacité.
Bonnes méditations et, qui sait, bonnes créations.