Citations de Danièle Vallée (47)
Je pensais à Marie-Léonce, me convainquant que cette fameuse parente n’avait donc pas eu de chance de venir au monde vieille, vilaine, religieuse et cuisinière de surcroît.
(Ed. David, p. 16)
Maman aime mieux sa perruche que moi. Moi aussi j’aime mieux Cricri que ma mère. Nous sommes des rivales égales. Maman et moi, nous ne sommes pas faites pour nous entendre. « Incompatibles », confirme maman. Et parfois, elle ajoute : « Tu vas me faire mourir. » Ça aussi, ça m’est égal.
(Ed. David, p. 27)
Lui (le vicaire), un esprit saint dans un corps sain. Moi, ce sera un esprit sain dans un corset. Gloire aux femmes!
(Ed. David, p. 130)
Je n’ai aucune permission à vous demander. Je pense, donc j’écris.
Une profonde amnésie en prime, ma 1ère mort subite.
Que connait-il de la liberté, l’abbé Romain Dutil reclus dans sa cage Sacerdotale ?
J’ai lu dans l’encyclopédie Que certains papillons ne vivent qu’une semaine. C’est désolant d’être si beau si peu de temps.
M’aimes-tu éperdument, Romain Dutil ? Oui, comme dans les histoires d’amour. Oui, comme dans les livres, oui, comme dans les films et non, comme dans la vie sacerdotale.
Pour éviter que la commisération s’empare de moi, je te tourne le dos. Mes forces me trahissent, je change de combat. Je vise l’égoïsme et l’amour-propre. Ton amour malsain et indécent, tu peux le garder pour tes glorieuses idoles. Il me faut m’évader de cette relation. J’y suis ligotée et les cordes qui m’y lient s’effilochent. Je m’en sortirai dignement.
J’ai joué à l’amour. Une enfant, ça joue tout le temps. Et ça devient adulte. À dix-huit ans, on délaisse peu à peu ses passe-temps d’enfant, mais on joue toujours. On joue à l’adulte. Mes dix-huit ans sont à ma porte. Les jeux sont faits.
Nous vivons la tentation, mais nous ne succombons jamais. C’est notre châtiment.
La mort est un coup bas. On meurt d’un accident ou on meurt tout court. De froid, de faim, de peur, d’ennui, d’inquiétude, de soif.
La vieillesse, cette impitoyable traîtresse, cette dernière phase de la vie normale. Sentir qu’on finira tous par tomber en bas de la terre plate sur laquelle nous roulons. Folles toupies.
La vieillesse circule à pas lents dans notre rue et s’empare des plus faibles.
Camille est opiniâtre, intègre, incorruptible. Elle ne badine pas avec l’amour. Se cacher pour se blottir dans le drame romantique, voilà sa quête. Orgueilleuse Camille qui décampe. Manque à l’appel. Se terre. Rate les réunions. Refuse de me raconter le film Un homme et une femme. Me boude effrontément.
Je me vengerai pour faire comprendre à Romain que, lui et moi, ce n’est pas du toc. Je refuse l’échec d’une rencontre, d’un amour comme dans ce film maudit.
C’est si désolant de ne pas pouvoir discuter à chaud du film qu’on a vu ensemble. À la sortie, on se sourit, on jase brièvement et c’est le point final en attendant qu’on puisse en discuter dans le confessionnal ou sur le banc de parc, feignant la résolution de problèmes inventés.
Une journée de plein bonheur. D’abord, je le gave de fraises ; ensuite, il me passe la main dans les cheveux, m’enserre le cou, me frôle les reins et me caresse les genoux. Volupté. L’amour charnel fleshly love que j’apprends à connaître.
Il n’y a pas de miroir dans la chambre à cause du péché d’orgueil qui guette les femmes, mais je devine mon reflet dans ses lunettes qui lui embrochent la tête d’une oreille à l’autre. Elle me parle tout bas du désir de se donner à Dieu, des joies du noviciat avant de prononcer ses vœux perpétuels.
« On peut conduire un cheval à l’abreuvoir, mais pas le forcer à boire. »