C'est aussi en substance ce qu'un ancien ingénieur de Google, Tristan Harris, a démontré devant le Sénat américain, le 26 juin 2019, à propos des stratégies déployées par les Gafam pour retenir l'attention de leurs utilisateurs. . Il s'avère que l'indignation morale est le sentiment qui obtient le plus d'engagements. Pour chaque mot d'indignation ajouté à un tweet, le taux de retweet augmente de 17 %, a-t-il expliqué au sujet de la viralité sur les réseaux sociaux.
Cela n'arrive pas qu'aux autres... Chaque journée sur Twitter, Facebook ou Instagram est désormais rythmée par une dénonciation, une humiliation ou un appel au licenciement. Les lynchages en ligne sont devenus une tradition, presque un rite de purification sociale.
On a toujours besoin de déshumaniser ceux que l'on accable. Sur Internet, la distance atténue la culpabilité et renforce le sentiment d'impunité. Vous pouvez détruire les gens sans même les connaître.
Aux États-Unis, on parle de cancel culture ('culture de l'annulation') pour désigner ce climat d'excommunication qui se substitue au droit.
L'objectif est de décrédibiliser et de démonétiser la parole publique de celui ou celle qui était jusqu'ici reconnu (e). Dans les faits cette volonté de traumatiser les coupables vire souvent au cyber-harcèlement.