Mon coloc n'était pas un sale type, pas une mauvaise personne, même s'il s'est révélé incapable de jouer plus de trois ou quatre vrais morceaux à la guitare, il les jouait en boucle, et il rationalisait son business de drogue sans vergogne pour en faire une forme de rébellion sociale et non du capitalisme pur et simple, et déjà sur le moment je savais qu'il se conformait parfaitement aux prétendus standards de l'anticonformisme de la fin des années soixante-dix, et parfois je le prenait de haut. Je l'ai peut-être un petit peu méprisé. Comme si moi j'étais sans reproches, évidemment -- mais ce genre de projection et de transfert arrogant faisait partie de l'hypocrisie nihiliste de cette période.