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Citation de Erik35


Erik35
24 septembre 2021
Il plissa les yeux pour mieux apprécier la structure, puis il traça au pinceau la ligne d'horizon. Il était encore conscient jusque-là. Puis il se lança avec fureur dans l'attaque de la toile, comme un somnambule paradoxal qui calculerait ses moindres gestes. Les artistes, les musiciens, les écrivains connaissent cette fièvre, cette ivresse qui monte des profondeurs et donne une surconscience. Les verts commencèrent à vibrer, rehaussés de jaune citron et de chrome, des touches de violet pour les complémentaires qui enchanteraient les yeux en les asservissant à leur charme sourd. Le ciel fut balayé au cobalt, avec la densité sur l'horizon pour signifier la menace de l'orage. On aurait cru la nuit dans la lumière du matin. Il jeta des nuages en blanc frottés de bleu. La solitude. Pas un homme, pas un cheval, pas un chien. Il ponctua le premier plan de quelques gouttes d'espoir ou de sang en carmin. Des coquelicots. La touche discontinue qu'il aimait tant pour suggérer resta au bas de la toile. Et les brosses lui tombèrent des mains. Un silence impressionnant planait sur cette image : Champ de blé sous un ciel orageux. Presque un trop grand calme. L'infini silencieux. Le monde sans moi peut aller de l'avant, se dit-il.
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