Mais la présente étude du mouvement des ouvriers de Petrograd, qui ont constitué la force à la base de cette révolution, conclut que la révolution russe a bel et bien été, dans les faits, une révolution ouvrière.
En écrivant ce livre, j’ai cherché autant que possible à m’appuyer sur des sources émanant des ouvriers, afin de les laisser s’exprimer par eux-mêmes. J’espère, de cette façon, avoir donné plus de force à ma thèse selon laquelle les ouvriers étaient des acteurs politiques « conscients », et que la classe ouvrière dans son ensemble a été la force centrale de la révolution, qui lui a donné son impulsion. De ce point de vue, mes sources les plus riches sont évidemment les déclarations d’ouvriers qui figurent dans les comptes rendus et procès-verbaux d’assemblées, de réunions et de conférences, les courriers des lecteurs publiés dans la presse, les reportages et les mémoires personnels.
L’objectif de ce livre est d’offrir un compte rendu cohérent ainsi qu’une analyse de l’évolution des attitudes, opinions et actions des ouvriers industriels de Petrograd, en 1917 et dans la première moitié de 1918, par rapport aux enjeux principaux de la révolution : la guerre, l’organisation de l’économie, et la question qui englobait toutes les autres – celle du pouvoir politique