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Critiques de David Mandel (3)
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Star Wars : tout l'Art de Ralph Mac Quarrie..

Réaliser un film est une oeuvre collective, et si le succès de la franchise "Star Wars" avant que la Disney Corporation en fasse de la merde est dû à l'imagination, au talent et à la persévérance de son père fondateur George Lucas rien n'aurait été possible sans un travail d'équipe. Parmi cette équipe il y eut des pièces essentielles sans lesquelles le miracle n'aurait jamais eu mieux comme les musiques de John Williams ou les dessins de Ralph McQuarrie. En collaboration avec les Archives du même nom, Brandon Alonger, Wade Lageose et David Mandel nous racontent la genèse de la trilogie d'origine à travers les centaines et les centaines d'illustrations qu'il a réalisé pour que le rêve devienne réalité. Ce travail de titan est réuni dans "Stars Wars : tout l'art de Ralph MacQuarrie" en 2 tomes chez Huginn & Muninn : cela revient à 150 euros et cela pèse lourd mais les pavés qui cumulent 800 pages sur papier glacé et au format italien le valent bien et il doivent figurer dans la bibliothèque des grands fans de "Star Wars" !





Dans ce volume 2 on peut toujours lire l'ouvrage de manière artistique, de manière technique, ou sous l'angle de l'histoire d'un film en particulier et de la SF dans le monde entier… Et comprend pourquoi a fait le choix d'un découpage en 2 parties pour la VF alors qu'on avait le choix semble-t-il plus logique d'un découpage en 3 parties pour la VO…



Pour "L'Empire contre-attaque", Ralph McQuarrie travaille à la pré-production, à la production et à la post-production. Bref, il est au four et au moulin et les documents abondent car les réalisations abondent (d'où une partie très technique sur les matte paintings et les incrustations d'images à l'ère pré-numérique). Il a clairement un synergie entre la scénariste Leigh Brackett la papesse du space opera qui veut réaliser quelque chose de plus sombre, Phil Tippett le directeur des effets spéciaux amateur de culture horrifique et le dessinateur Ralph McQuarrie fan de la première et ami du second : le réalisateur Irvin Kershner suit les artistes plus qu'il ne les dirige, et George Lucas peut laisser l'équipage amener le navire à bon bord tandis qu'il se concentre les tâches de producteur. (heureusement d'ailleurs, car les environnements plus variés de l'épisode V par rapport à ceux de l'épisode IV demande beaucoup plus de travail aux équipes artistiques et techniques de l'épopée "Starwars")



Pour "Le Retour du Jedi" (qui au départ devait s'appeler "La Vengeance du Jedi"), Ralph MacQuarrie quitte le navire en plein voyage avant que George Lucas ne le rappelle en personne durant la post-production pour assurer la promotion du film. L'artiste affirme qu'il a fait le tour du sujet, qu'il ne se sent plus dans le coup et qu'il est temps de tirer sa révérence pour passer le flambeau à une nouvelle génération d'artistes aussi doués voire plus doués que lui. Pourtant il va dessiner pour l'univers "Starwars" jusque dans le milieu des années 1990 avant d'arrêter de travailler pour cause de Maladie de Parkinson, toutes les idées refusées par George Lucas pour la trilogie vont être reprise par George Lucas par la prélogie (Corsucant, Naboo, Mustafar), et aujourd'hui encore J.J. Abrams va piocher dans ses archives quand il est en panne d'idée (le trône de l'empereur). Que s'est-il réellement passé ? Alors oui il est plus âgé, oui il est plus fatigué, et il supporte de moins en moins le rythme et obligations de ce qui est devenu une super-production. Mais il y a d'abord et surtout un différent artistique : Ralph MacQuarrie pense que les personnages influencent l'univers et que l'univers influence les personnages, donc plus Luke Skywalker gagne en maturité plus l'univers Starwars doit faire de même. Or George Lucas de plus en plus attiré par le Côté Obscur de la Force veut faire exactement le contraire : comme la Disney Corporation il édulcore volontairement sa saga pour trouver les enfants, les amener, tous et dans les ténèbres les lier au pays de Mordor où s'étendent les ombres afin de les formater par réflexes conditionnés à acheter de la merde franchisée… (ah oui en passant, si vous ne le saviez pas encore le service marketing de la Disney Corporation a été réorganisé après la WWII en suivant les recommandations de transfuges nazis spécialisés en propagande)...



C'est donc dans une dernière partie présentée par Kevin J. Anderson que nous découvrons le travail de l'artiste sur l'univers Starwars au-delà de la trilogie cinématographique. Ce qui me donne l'occasion de faire des excuses à l'auteur que j'ai malmené dans ma critique de "La Saga des Sept Soleils". Ce n'est pas un tâcheron, mais un fanboy. C'est un passionné et donc la passion peut l'aveugler, mais du coup je n'ai plus du tout envie de lui jeter la première pierre… Il y a énormément d'illustrations tirés de "The Ilustrated Star War Universe" un guide de la galaxie qui a servi de bible aux fans et aux rôlistes, il n'y a pas besoin d'être un grand spécialiste pour comprendre que l'artiste explore les voies arpentées par les dessinateurs fantasy américaines de chez TSR, par la French Touch SF de Moebius et Manchu, voire par le britannique John Blanche dans sa période SF (il s'agit du fondateur graphique de l'univers Warhammer 40000). Mais il y aussi des illustrations tirés de livres pop-up et là on touche le fond des années fric : l'éditeur dont je ne citerai pas le nom refuse que le nom de l'illustrateur soit crédité pour des livres d'illustrations, il multiplie les injonctions contradictoires (on veut Jabba The Hutt mais ne le faite pas laid, on veut le Rancor mais ne le faites pas terrifiant, on veut des combats mais ne faites pas violents), il coupe les dessins pour censurer ses signatures, et il décide de vendre les livres sous plastique pour personne ne voit le contenu sans l'acheter au préalable y compris les vendeurs. Mesquinerie et radinerie ubuesques, et un tel comportement n'a pu être dicté par un avocat diabolique ayant trouvé une faille juridique pour faire de l'argent sur son dos sans avoir à le e rétribuer… Maudits, que soient tous maudits jusqu'à la treizième génération ces cultistes du Veau d'Or !





Une ode à l'imagination INDISPENSABLE ! (mais malheureusement à réserver aux bourses bien garnies)
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Les soviets de Petrograd

Ce sont seulement des fleurs, les fruits doivent encore mûrir



Dans son introduction, et contre les réécritures diverses, David Mandel souligne le caractère prolétarien de la révolution, « Mais la présente étude du mouvement des ouvriers de Petrograd, qui ont constitué la force à la base de cette révolution, conclut que la révolution russe a bel et bien été, dans les faits, une révolution ouvrière. »



Il indique aussi que les révolutions (le pluriel se justifie par les séquences révolutionnaires qui seront détaillées dans le livre) de 1917 ont aussi été « une mutinerie de soldats, une révolte paysanne, un mouvement de libération des minorités nationales ». L’auteur parle, entre autres, du renversement de la monarchie, du mécontentement des classes possédantes, des ouvriers « les ouvriers ont constitué la force principale, le moteur de l’action dans la lutte politique pour le pouvoir ; lutte qui a culminé en octobre 1917 avec la prise du pouvoir par les soviets ».



David Mandel précise : « L’objectif de ce livre est d’offrir un compte rendu cohérent ainsi qu’une analyse de l’évolution des attitudes, opinions et actions des ouvriers industriels de Petrograd, en 1917 et dans la première moitié de 1918, par rapport aux enjeux principaux de la révolution : la guerre, l’organisation de l’économie, et la question qui englobait toutes les autres – celle du pouvoir politique ».



Il analyse les phénomènes de radicalisation et leur non-linéarité, les effets des réactions défensives, la notion de double pouvoir, les choix « rationnels », les raisons de la revendication « de transfert du pouvoir aux soviets », le contrôle ouvrier, la volonté de régulation de l’économie, les attitudes prudentes de la majorité des ouvriers, l’aspiration à l’indépendance par rapport aux autres classes sociales, l’évolution des relations entre les groupes sociaux et les principales classes sociales, le sentiment d’« unité national », les effets de la volonté du gouvernement de poursuivre la guerre, la conquête de la majorité dans les structures représentatives « dans les principaux centres urbains et des principales garnisons » par les bolcheviks, les débats autour du gouvernement de coalition de tous les partis socialistes, la dissolution de l’Assemblée constituante, les sévères difficultés économiques, la phraséologie des partis politiques, la grande liberté politique, les différentes structures d’auto-organisation ou institutionnelles (comité d’usine, soviets d’arrondissements, doumas municipales, soviet central, assemblée constituante), les révocations des délégué-e-s par les ouvrier-e-s…



L’auteur explique son choix des termes «prolétaire» ou « capitaliste ».



« En écrivant ce livre, j’ai cherché autant que possible à m’appuyer sur des sources émanant des ouvriers, afin de les laisser s’exprimer par eux-mêmes. J’espère, de cette façon, avoir donné plus de force à ma thèse selon laquelle les ouvriers étaient des acteurs politiques « conscients », et que la classe ouvrière dans son ensemble a été la force centrale de la révolution, qui lui a donné son impulsion. De ce point de vue, mes sources les plus riches sont évidemment les déclarations d’ouvriers qui figurent dans les comptes rendus et procès-verbaux d’assemblées, de réunions et de conférences, les courriers des lecteurs publiés dans la presse, les reportages et les mémoires personnels. »



Les apports de ce livre sont précieux. D’abord parce que l’auteur souligne les évolutions et leurs raisons, les contradictions à l’oeuvre et leurs impacts, les débats et leurs contextes. Les nombreuses citations permettent de rendre compte de choix politiques et des contraintes (perçues ou réelles), des formulations et des reformulations de certains débats, des positions des différents « partis socialistes », de la volonté de contrôle des ouvrier-e-s sur les moyens de production et plus généralement sur les grandes orientations économico-sociales.



Loin des thèses complotistes, des linéarités inventées par les soutiens ou les critiques de la révolution, il s’agit bien ici de comprendre pourquoi et comment cet « impossible » est devenu possible, dans quelles conditions, dans quelles limites et à quel prix…







Je ne vais pas détailler les différents chapitres ou les différentes analyses. Je vais essayer plutôt de souligner quelques-unes des questions (qui apparaissent ou non dans les présentations de l’auteur) avec le vocabulaire actuel, qui se posent et se poseront, dans tous les processus de révolution, sans extrapoler des formes concrètes qui dépendront des contextes précis.



Des questions à aborder, à reformuler pour élaborer des hypothèses stratégiques… mais en gardant à l’esprit que les solutions ne pourront être qu’inscrites dans les temporalités et les rapports de force réels. Car si nous pouvons approfondir les questionnements – pour ne pas reproduire des débats et des choix partiellement ou non contradictoires à l’émancipation de toutes et tous – il faut néanmoins souligner que les processus révolutionnaires ne peuvent être écrits préalablement et abstraitement… Justes quelques pistes pour ne pas s’égarer en chemin. Nous n’avons que de rares réponses. Mais nous n’en auront d’autant moins si nous ne sommes pas capable de poser des « bonnes » questions…



*



Comment se forment et évoluent les perceptions des réalités sociales ? Comment s’articulent, par exemple, des éléments comme la qualification, l’alphabétisation ou aujourd’hui le niveau de scolarisation, les formes d’organisation du travail, l’impact du hors travail (par exemple le fait d’être propriétaire de son logement) ? Quelles structurations dominent dans le « mouvement ouvrier » et quelles modifications se produisent ou sont souhaitables lors des périodes de bouleversement social ?



Comment penser l’unification sans une homogénéisation autour d’un groupe soit-disant dominant ou référentiel (la communauté majoritaire) au mépris des droits des minorités ?



Comment prendre en compte les effets des temporalités discordances des rapports sociaux (en particulier de classe, de genre, de racisation ou de génération) qui ne sont pas annulées par les ruptures révolutionnaires ? Il s’agit bien de favoriser les auto-organisations de chacun-e-s dans leurs tensions ou leurs conflictualités. Le refus de prendre en compte l’ensemble des dominations et leur imbrication constitue plus qu’un frein aux mobilisations majoritaires, il rend souvent impossible la possibilité même de ruptures significatives pérennes dans les organisations du monde.



David Mandel parle d’« interaction entre ces caractéristiques culturelles et l’évolution des conditions sociopolitiques de 1917 ».



Comment donc favoriser les expressions et les organisations des personnes les plus exploitées et dominées ? Comment rompre avec l’invisibilisation des femmes ou des personnes racisé-e-s ? Comment prendre en compte les intérêts partiellement divergeant liés à l’âge et aux temporalité propres des différentes générations ?



Qu’en est-il des moments de bascule, de choix nécessaires (et quelques fois brutaux) dans le plus lent chemin d’un approfondissement – fait de ruptures, de pauses, de reculs – compte tenu des rapports de force – nationaux et internationaux ? Quels sont les organismes pouvant décider légitimement ?



Les classe sociales ne sont pas homogènes. Outre les éléments déjà cités, des intérêts particuliers peuvent s’être cristallisés au sein même du prolétariat élargi. Comment donc, dans l’action, dépasser des intérêts « locaux » ou « partiels » en construisant des passerelles ou des convergences, sans nier les droits des un-e-s et des autres ?



David Mandel analyse les composantes « économiques » et « politiques » des grèves et revendications. Il y a ici aussi des problèmes (trop souvent niés) d’articulation entre revendications et temporalités . Cela freine voire empêche le dégagement d’axes communs répondant aux différentes préoccupations. Il semble important de conjuguer réformes sociales et libertés démocratiques – sans oublier la réduction massive du temps de travail qui permet à la fois l’amélioration des conditions de travail et de vie, des modifications dans les charges dites domestiques, la participation aux instances d’auto-organisations et de décisions démocratiques. Sans oublier le coté de la « dignité » – voir le passage sur la revendication d’« adressage poli ».



L’auteur présente et détaille les situations de « double pouvoir », de friction ou de conflit entre pouvoirs dont la légitimité reste toujours partielle. Ce qui pose des problèmes d’architecture institutionnelle. Comment donc construire des institutions qui permettent à la fois les représentations les plus démocratiques à chaque niveau territorial – sans oublier des chambres de représentation transversale ou particulières, le respect des minorités, la prise en compte de tous les rapports sociaux de domination (rapport de classe, de sexe et racisation en particulier), les autonomies culturelles/religieuses/territoriales/linguistiques…



Il convient aussi de discuter des formes de contrôle sur le travail, sur la gestion, des élections de responsables dans les entreprises, des réponses à la menace de fermeture des entreprises, du passage du contrôle des décisions à l’intervention dans la gestion, de la coordination entre structures productives, de la régulation de l’économie…



Entre la coordination d’institutions basées sur les entreprises et les quartiers et une chambre comme l’Assemblée constituante, au delà des champs de compétence de chaque assemblée, qui pourrait avoir le dernier mot en cas de conflit non réductible ? Il y a là une contradiction entre la représentation de l’auto-organisation nécessaire et indispensable et une représentation au suffrage universel capable d’élaborer les grandes règles de droit applicable comme cadre général. Il me semble qu’en « dernière instance » cela devrait-être la représentation au caractère le plus « universel » (un homme, une femme, une voix) – dans les limites des droits particuliers des femmes, des nations dominés ou des « minorités » sociales, etc. – qui puisse permettre de résoudre les conflits entre représentations démocratiques partielles.



Le degré d’implication, de mobilisation ou de lassitude, de participation aux différentes luttes et instances élues est susceptible de grandes variations dans le temps. Les exemples donnés par David Mandel dans la courte période décrite (Février 1917 – Juin 1918) le montre nettement. Comment faire face aux répressions lors des phases de recul ? Comment penser la construction d’obstacles à la substitution soit par des organismes de type « parti », soit par des instances de l’Etat ? Comment éviter l’isolement ? Comment réduire ou circonscrire le coût de la guerre civile initiée par les classes dominantes (voir d’autres pays). Les dominants utiliseront tous les moyens pour maintenir leur domination, ils n’accepteront pas facilement de renoncer à leurs privilèges ni à se plier à la dé-privatisation des procès économiques…



Ceci implique de penser la collaboration internationale, des revendications susceptibles d’être reprises dans d’autres pays, de tisser des liens pour que les populations neutralisent les actions de leurs gouvernements, etc. Et de ne pas oublier les dimensions sociales et internationales de tout processus révolutionnaire, « rejetez toutes les chaînes ! ». Les révolutions sont toujours à la fois en retard et en avance sur les conditions permettant de trouver des solutions émancipatrices…



Enfin, et sans que cette liste soit exhaustive, comment penser les relations entre syndicats, organes d’auto-organisation, organes d’auto-administration, chambres de représentation ?



L’étude des processus réels, des difficultés, des contradictions, des choix et des impasses dans les actions et les structurations des « travailleurs de Petrograd » participent bien d’une actualité des possibles. Il nous faut donc prêter une attention particulière aux développements de David Mandel, faire le lien entre les études politiques des mouvements sociaux et des ruptures révolutionnaires et le présent-futur. Par la qualité des exposés, ce livre nous ouvre des opportunités des débats approfondis, loin des théorisations sclérosantes du siècle dernier…



Hier et aujourd’hui pour demain. Car il s’agit bien toujours de participer à la création des conditions qui permettent à chaque fois d’ouvrir d’autres possibles et la liberté de choisir, de favoriser des options pour le développement futur, de privilégier les auto-organisations et les représentations les plus démocratiques, d’opter pour le pluriversalisme et l’égaliberté…
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Hail Hydra

Ce tome s'inscrit dans les séries dérivées de l'omni-crossover Secret Wars 2015 de Jonathan Hickman & Esad Ribic. Il contient les 4 épisodes de la minisérie Hail Hydra, initialement parus en 2015, écrits par Rick Remender, dessinés et encrés par Roland Boschi (avec l'aide d'Ed Tadeao et Scott Hanna pour l'encrage de l'épisode 3), avec une mise en couleurs de Chris Chuckry (avec l'aide Rachelle Rosenberg pour l'épisode 2). Les couvertures ont été réalisées par Andrew Robinson. Il contient également un numéro spécial "Hank Johnson, agent of Hydra", également paru en 2015, écrit par David Mandel, dessiné et encré par Michael Walsh, avec une mise en couleurs de Matthew Wilson.



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- Hail Hydra – Ian Rogers (le fils naturel de Baron Zemo, devenu le fils adoptif de Steve Rogers) se retrouve dans un New York alternatif sur Battleworld, après avoir pris l'ascenseur Infini (dans Hydra ascendant, également écrit par Rick Remender). Ce New York présente la particularité d'être gouverné par l'organisation Hydra qui y a pris le pouvoir de manière pérenne, et qui assure une gouvernance dictatoriale, tout en assurant la sécurité des concitoyens. Dès son arrivée, il s'interpose entre Christopher (un jeune en train de grapher sur un mur), et une patrouille de sécurité d'Hydra.



Cette intervention de sauvetage ne se passe pas aussi bien que prévu. D'une part Nomad (Ian Rogers) se rend compte que ce régime fasciste n'est pas si impitoyable que ça ; d'autre part Christopher est quand même capturé. Quand Nomad s'introduit dans la prison pour le libérer, il se heurte à un porteur de bouclier qui lui ressemble fortement, qui porte les couleurs d'Hydra et qui s'appelle Leopold Zola.



À la fin du tome "Hydra ascendant", le lecteur avait l'impression que Rick Remender avait dit tout ce qu'il avait à dire sur Steve Rogers, que ce dernier tome était peut-être de trop, et qu'il partait créer des séries dont il conservait les droits, publiées par Image Comics, pour lesquelles il s'investit plus. C'est donc sans grande attente que le lecteur se plonge dans cette sorte d'épilogue dédié à Ian Rogers, l'un des personnages créés par Remender lors de son passage sur la série Captain America. A priori, il est fort vraisemblable que cette histoire n'aura aucune incidence sur la continuité de Captain America une fois le crossover Secret Wars terminé, et que le degré d'investissement de Remender sera assez faible.



Roland Boschi avait déjà travaillé avec Rick Remender sur une histoire de Bucky Barnes (Winter Soldier) : The bitter march. Il réalise des dessins de type réalistes, un peu lâches, avec de fortes fluctuations dans le niveau de détails. De prime abord, ils ne sont pas très séduisants, avec un encrage un peu fin pour détourer les formes, rehaussé par des tâches pour figurer le volume à l'intérieur desdites formes. Le résultat donne une impression adulte, sans volonté de faire joli, ou de présenter les individus sous leur meilleur jour. Cette impression un peu désagréable est accentuée par le choix de mise en couleurs.



Chris Chuckry (qui avait fait du très bon travail sur la série Unwritten de Mike Carey & Peter Gross) a opté pour une palette restreinte et des teintes sombres. Ce parti pris chromatique participe à installer une ambiance baignant dans une menace sourde, avec une chape pesant sur chaque endroit. Il participe aussi à écraser pour partie les dessins. D'un côté, ça permet de cacher la misère quand les arrière-plans se font squelettiques, de l'autre ça atténue les détails quand ils sont présents. Il est possible que Boschi ait été un peu pressé par les délais, car certaines séquences (dialogue, ou affrontement physique) peuvent se passer de décors pendant 2 pages consécutives. Néanmoins, l'artiste prend généralement le temps d'au moins planter le décor en début de chaque séquence.



L'artiste réalise une scène d'ouverture impressionnante avec cette ville de New York, propre sans être pimpante, vide de ses habitants (parce qu'on suppose que l'heure du couvre-feu est passée), très urbaine et très fonctionnelle. Le site de détention présente une architecture de grande halle industrielle, impressionnante, comme si le régime Hydra avait souhaité disposer d'un lieu de pouvoir qui en impose aux foules. L'accès au quartier général souterrain de la rébellion s'effectue bien sûr par les égouts. Boschi reprend des structures de souterrains en arrière-plan, de manière cohérente avec le type d'architecture attendu. Lors d'une séquence onirique, la véranda de la famille Rogers est parfaite dans son rôle de lieu traditionnel et réconfortant.



Le lecteur apprécie également que Boschi traite avec sérieux les phases d'affrontement. Les mouvements s'enchaînent avec une vraie logique spatiale. Les protagonistes disposent bien sûr de carrures propres aux comics de superhéros, avec une masse musculaire imposante. Les expressions des visages manquent parfois un peu de nuances. L'artiste utilise avec parcimonie des cases de forme trapézoïdale pour accentuer un mouvement ou un choc, rappelant de loin le travail dynamique de Gene Colan.



Dans un premier temps, le lecteur découvre une dictature de plus sur le monde Battleworld (ce mode revient souvent dans les séries dérivées de Secret Wars, qu'il s'agisse de Regent pour Amazing Spider-Man, de Maestro pour Future Imperfect, ou encore d'Ultron). Il se dit que Rick Remender écrit un dernier récit pour remplir une obligation contractuelle, sans trop se fouler (il a d'ailleurs intitulé ce récit "Futilité"). Le pauvre Ian Rogers doit faire face à une dictature, lutter contre l'oppression, défendre un pauvre rebelle, et se retrouve bien sûr face à un double de lui-même, inversé puisqu'encore sous l'influence de père génétique Arnim Zola. Ça ne rate pas : il y a une autre version de Captain America, et bien sûr le pauvre Ian Rogers est tiraillé entre ses souvenirs et les conseils de Steve Rogers version 616, et ces nouvelles versions.



Le lecteur découvre une séquence attendue après l'autre, sans grand enthousiasme, jusqu'à ce qu'il constate que Rick Remender progresse graduellement afin de pouvoir reprendre le thème principal de ses épisodes de Captain America (présent également dans d'autres de ses séries) : le lien unissant fils et père. À la moitié de son récit, il a retrouvé sa verve sur le sujet, Ian Rogers se posant des questions complexes et pertinentes sur l'enseignement de Steve Rogers, et même sur la praticité de ses convictions. Contre toute attente, Remender ne se contente pas de cachetonner, mais déroule le fil conducteur de la série Captain America, en creusant son thème principal lorsque le fils remet en cause les enseignements de son père.



Malheureusement la fin de l'histoire approche à grande vitesse, et Remender revient à son intrigue, avec toujours plus d'action pour finir dans les délais impartis (4 épisodes et pas plus), et réutiliser une facilité scénaristique déjà employée à plusieurs reprises dans ses épisodes de Captain America. Le lecteur a même l'impression que le scénariste est en train de poser les bases pour une intrigue à venir, alors qu'après Secret Wars, c'est Nick Spencer qui reprend la série Captain America.



Au final cet épilogue aux histoires de Rick Remender pour Steve Rogers mérite sa place, dans la mesure où ce scénariste aborde d'une autre manière le legs d'un père à son fils, au travers du personnage d'Ian Rogers (qu'il a créé dans la série Captain America). Les dessins font exister ce New York dystopique, malgré de trop fortes fluctuations de densité d'information visuelle (des arrière-plans trop régulièrement absents). L'histoire souffre d'une pagination réduite, dans laquelle le scénariste tient absolument à atteindre un quota élevé d'action, au détriment du thème principal. 4 étoiles.



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- Hank Johnson: Agent of Hydra – Comme le titre l'indique, le lecteur suit Hank Johnson (un simple agent d'Hydra, un des gugusses en costume vert, avec un grand H jaune sur leur tunique) pendant quelques jours. Ça ne commence pas très bien, car Nick Fury s'introduit dans une base d'Hydra où il était en faction avec un autre agent. Fury tue ce dernier, et laisse Johnson inconscient sur le carreau. En repos chez lui, sa femme lui rappelle qu'il doit garder leur dernier (tout en suggérant qu'il fasse acte de candidature pour un poste plus élevé afin qu'ils puissent se payer les services d'une nounou), puis il doit aller assister à l'enterrement de son collègue.



David Mandel effectue une transposition astucieuse des aspects pesants de la vie d'un père de famille (travail alimentaire, femme exigeante, enfants intenables, collègues mesquins), sur Hank Johnson, avec son employeur un peu particulier. Michael Walsh réalise des dessins très agréables, à la douce ironie moqueuse (un peu en dessous de son travail sur Secret Avengers, à commencer par Let's have a problem).



Cet épisode se déroule également dans une réalité parallèle concomitante de Secret Wars. La transposition est aussi habile que premier degré. Cela donne une comédie enlevée, mais peut-être trop littérale, manquant d'un grain de folie. 3 ou 4 étoiles en fonction de l'état d'esprit du lecteur, et de ses goûts en matière d'humour.
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