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Citations de Denis Rigal (124)


Ceux qu'elle ne tue pas, la guerre les dénature et leur laisse de secrètes souffrances que rien n'apaise.
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Denis Rigal
Des fins premières
EN AMONT D’UNE PHRASE
RÊVÉE PAR FRANCIS PONGE



Extrait 2

On s’abîmait le soir devant des cieux
couleur de repentance, couleur
de bœuf ouvert ; c’était cela
sans doute, la carcasse des songes :
ce trop de chair, cet écartèlement,
les fadeurs de septembre repu.

On ne touchait au vrai qu’à la venue
des autres nuits,
       noires de peu d’étoiles bousculées
de bourrasques, avec la mort veilleuse
accrochée à la lande rase,
et qui ne tremblait pas.
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Denis Rigal
des ondes tremblées
(et avec elles ton visage)
au bord de l'être
qui incessamment renouvellent
leur serment de fluidité,
qui te font grâce.
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Denis Rigal
il n'y a qu'une vague
qui s'engendre elle-même;
ni commencement ni fin
mais le mouvant milieu des choses,
où tu es.
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Nord
  
  
  
  
4
               dans l’enfance des jours
tous se taisaient, la femme sur le seuil,
vêtue de noir, dodelinait, faisait
non de la tête, mangeait debout, muette,
devant la nuit qui gagne à tous les coups,
ne savait plus sur quel temple secret
elle veillait, gardienne liminaire
entre rien et l’absence, ayant failli
à tout, puisque ce soir, même l’été
du corps, le ventre en feu qui crie, la chair
amie, l’abandonnaient, ne lui laissaient
qu’un balbutiant désir de crépuscule

aujourd’hui c’est toi l’héritier du temps
sous le temps et du long silence noir,
pour le venger, pour le trahir, pour elle.
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Fondus au noir



extrait 5

un cri gelé dans le nul
du ciel irréparable, quelques mots
qu’aucun souffle ne porte ni
brise n’emporte – adieu Botticelli
et les parfums de Flore, les arabesques
et l’encens de la chair et l’innocence,
disait-on, la faconde des continents
déroulés pour nos pas jusqu’au rivage,
à la morsure de l’autre et même
océan, à un extrême de ce monde
où le sang est partout et l’homme
nulle part sinon dans sa rage
blanche et ses quelques mots où rien
ne passe ...
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James Joyce



Sous le chapeau cabossé
Avec sa large bande noire ;

Ce long visage, descendant
Comme une corniche jusqu’à
La mâchoire saillante ;
Teint olivâtre, petite
Moustache ; envahi

Par de sombres
Lunettes qui
Soudain s’éclairent

Ces doigts effilés
Crispés sur une canne
Ou un verre de vin blanc ;
Il pourrait être

Mon père ou le vôtre ;
Tout homme
Usé, marqué par

La vie, si l’en-tête
Ne portait pas le
Détail – éclatant comme
L’hérésiarque ou l’Ange déchu –
De son nom.


// John Montague (28/02/1929 – 01/12/2016)

/Traduit de l’anglais par Michel Bariou
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parce qu'il faut quand même à l'homme
un peu de banale beauté
parmi l'herbe du temps,
la parole infaillible de l'eau,
l'éclat de l'eau
qui coule nue,
qui scintille et n'en finit pas.
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Regarde, écoute, tâte. Éprouve la matière heureuse,
l'infini des corps, les voix, les pierres, la lumière lourde
et sourde des pierres,la cornaline sang-figé, l'eau volubile,
la grâce des choses vives.

Puis songe en silence, longtemps, jusqu'à heurter l'os
muet du monde. Parle, alors; essaie; place un mot, comme
on dit; espère qu'il résiste au vent.
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Nord Nord-Ouest par Ouest



Extrait 4

de chardons à roseaux et de calcaire à tourbe
c’était changer de cimetière, pas plus,
n’était qu’ici les morts parlent la paix
et les roses sauvages, l’oubli et les jonchaies

ici ne s’entend plus
celui qui lamentait à Thèbes sous les murs
sa double vie sa double vue et sa mémoire
ou peut-être priait
cognant sa tête vieille à la ténèbre
et s’en allait à reculons vers l’enfin-disparaître

or le lac est si proche, est ciel à forme d’œuf,
rêve ses truites,
et le héron recoud les bords du miroir.
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Fondus au noir



extrait 10

AUTRE JARDIN

au-delà est le sable où la voix
se décharne
où ce je de hasard prend lieu trouve
à redire remet en signes ce jour
d’aveuglante et vacante clarté,
somme des couleurs fondues, fantôme
d’un spectre, de ce qui fut perdu,
détourné par transactions occultes
hors la vue du noteur, mal armé
pour le dire autant qu’il y a cent ans.

je ne suis plus ma mort mais ce procès
en moi sans moi du temps qui se délite :
nul complot ne s’ourdit nul ne juge
ni ne suis condamné à gésir
et gémir mortifié dans la fange
les bras en croix : la chair est charitable
le peu qui reste et, consumée, le feu
demeure
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Nord
  
  
  
  
7
ainsi le chamane frappe son tambour,
l’ausculte, exhibe les dessins, en glose
la vulgate : trois mondes, le ciel, la terre
et le royaume d’en dessous ; l’envers
est pour lui seul, montre la voie, la transe,
la peur et le transport vers l’impensé ;
pas de savoir sans la terreur, dont l’homme
revient tremblant, suffocant, rompu, nié,
grandi pourtant, ayant touché au but,
debout parmi les évidences, il est
le vide exquis autour de quoi tout tourne,
le monde et son contraire, le jour gelé,
et la tanière où la nuit souffle rouge,
l’hiver brut revenu, annonciateur
de l’autre temps
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Comme des dolmens autour de mon enfance,
les vieux
extrait 3
  
  
  
  
Le curé et le docteur s’occupaient d’eux après un dur
Chemin dans la neige jusqu’au genou, ou la chaleur torride,
Allant de la grande route au chemin puis au sentier interrompu,
Humant l’air des montagnes, mais à bout de souffle.
Quelquefois des voisins les découvraient
Silencieux gardiens d’un foyer éteint,
Soudains coulés au moule de la mort.

Irlande d’autrefois ! Je grandis à son chevet,
Les runes et la mélopée, le mauvais œil et la tête tournée,
Cruauté Fomorienne de la famille, inimitié locale.
Silhouettes décharnées de la crainte et de la bienveillance,
Mes rêves elles ont longtemps hanté.
Puis un jour, dans un cercle de pierres dressées,
J’ai senti leurs ombres passer

Dans les ténèbres éternelles des formes d’autrefois.


// John Montague (1929 - 2016)

/ Traduit de l’anglais par Michel Bariou
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L’Ecclésiaste
  
  
  
  
Toi le craignant-dieu, l’élu de Dieu
petit puritain puriste que tu es
en dépit de tes ruses et de tes sourires, tu finirais
par aimer ça (les églises suintantes, les rues vides,
le silence des chantiers, les balançoires cadenassées)
et par abriter ton cœur froid de la chaleur
du monde, de la curiosité de la femme, des regards
vifs des enfants – je sais que tu pourrais
t’habiller de noir, boire de l’eau, nourrir ta farouche
ferveur avec des sauterelles et du miel sauvage, et ne
pas te sentir tenu de comprendre et de pardonner
mais seulement de parler selon le souffle
sinistre de l’esprit, et d’aimer les pluies de janvier
qui noircissent les portes noires et qui, dures, pénètrent
les collines d’Antrim les marais et les tombes
entassées de tes pères. Enterre ce foulard
rouge et ce bâton, ce banjo. C’est ici
ton pays : ferme un œil et règne.
Ton peuple t’attend ; leur linge claque
lourdement dans leurs lotissements pour t’accueillir ;
c’est un peuple crédule. Ma parole tu en serais capable –
Dieu te garde ! – de te planter à un coin de rue, raidi
dans ta rhétorique à ne rien promettre pour ce monde.


// Derek Mahon (1941 -)

/ Traduit de l’anglais par Denis Rigal
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            Rivières
       extrait 4
  
  
  
  
parfois oublie son cours,
se perd en noues et reculées,
détours où l’eau s’endort
entre les arbres pourrissants,
se couvre d’un voile grisâtre,
décante lentement sa vase,

se tait.

*

tu ruisselleras
dans le récit indéterminé
de l’eau,
semblable aux autres gouttes,

dans le vent,
semblable aux autres souffles,

dans la murmurante amitié du monde.

essaie de le croire.
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Fondus au noir



extrait 15

MALADETTA, MAI DETTA

vous avez tout tenté même le diable,
peint sur le ciel précaire une muable
éternité (tel l’or froid au matin
des feuilles sèches qui prennent jour
et grâce trop tard, évoquent
à gestes vagues un au-delà
répétitif (vert bronze gluant puis
sec, grisé, bistre clair, vieil or froid...

avez tâché de reporter la suite
et fin du souffle à la traite
prochaine
         observé le neutron zigzaguant
qui cogne dans le crâne
inutilement
questionné Yorick :   la mort
est innombrable    elle est
dans votre dos   ne vous retournez pas
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Fondus au noir



extrait 13

SAGESSE

il est debout devant sa porte
peinte en bleue et considère
les choses considérables de la vie
le chien qui se gratte, les moutons
dans le ciel, les oiseaux dans l’arbre,
les outils pourrissants dans l’herbe
déterminée ;   regarde le vent
passer de galerie en suroît
puis plein ouest où sont les îles
et les dormants ;    ajuste sa pipe
en conséquence
...
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Nord
  
  
  
  
10
illimité, l’homme ainsi se recueille
voyageur immobile au ciel des dieux,
rêve l’élan et l’ours qui s’accoupla
avec la Femme à la source des temps,
et l’éternel chasseur qui fut toujours
son totem et son double : jamais la traque
ne finit : si l’animal était pris,
le sang jailli germerait sur la neige,
et porterait ses fruits, nous rendrait l’aube
et le désir pour tout recommencer
ou bien s’abîme et descend chez les morts,
suit la voie du serpent qui sait l’envers
du monde, traverse l’inconnu, retrouve
les lacs sacrés aux poissons fabuleux,
revoit le long défilé des ancêtres,
déjà rêvé jadis et puisqu’ici
le cliquetis de l’étrange lumière
est la seule musique, et indicible,
il se taira, gardera pour lui seul
la vision, la transparence qui vient
après, bientôt.
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Nord
  
  
  
  
5
rien ne vaut, que le temps et l’arrondi
du roc qu’il ronge, car tel fut le vieux monde
       (vois entre les blocs le lichen bouclé
       d’un gris et doux à l’œil, mais dans la main
       se brise et s’émiette, vivant retourné
       en poussière, et qui le touche le détruit.)
et toujours on reprend à table rase,
aux choses nues, comme si cette fois
l’entreprise pouvait aller à terme,
les murailles tomber par la voix seule
et le vouloir, sans cuivres ni clameurs.

charriant l’obscur, la parole dirait
la volonté du monde, qui pousse l’homme
à l’aventure, croit-il, et il poursuit
ses migrations jusqu’à la grise mer
fertile, subit la longue nuit, se tasse,
se musse, espère de durer, dessine
sur son tambour l’axe du ciel, les strates,
les doubles fonds, le séjour des puissances,
les règnes inconnus, les au-delàs.

       une lente poussée a mis à jour
       le rêve lumineux de la moraine,
       ce noyau de clarté qui dit l’accord
       des puissances d’en bas, sourit à l’homme
       qui ne reconnaît plus l’aventurine,
       ni le hasard, ni la beauté fidèle :
       pour des chemins perdus, pillé pour rien.

(or les sept cygnes noirs volaient vers l’est
pour s’affaler à grand bruit et désordre
dans une anse à l’écart et se poser,
voiles ferlées, bas sur l’eau, invisibles,
gardant pour eux leur savoir, leurs présages,
n’offrant que leur beauté contraire : c’est là
le vrai secret, précieux, qu’il faut chérir)
       à l’autre bout du voyage il y a
       toujours ce grand rapace perché debout
       dans le soleil, poitrail blanc, impassible
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Des fins premières
ANTHROPOS



Extrait 2

Toute une histoire
Oh les splendeurs des corps polymorphes
(et pourquoi pas ?) roulant sur l’herbe des collines
enfin accordées à la chute dans le fracas
le fatras bienheureux de l’humain

e tanto mare alle spalle

serai sera le presque même, perplexe
et dérisoire persistance dans l’azur
habitera – le faudra bien – la fragile
connivence des rêves et des traques
plantera sur brûlis des buissons tenaces
des essences à souple chair où le vent
bûcheronne intermittent comme on rêve les femmes
passé midi dans les clairières avec
ce regard aigu ce bleuté de genièvre
la brûlante et dormeuse passion
de quoi savoir.
            et çà ou là
un sapin pour conjurer l’oiseau noir
des charniers et temps venu
se rementer la juste mort à la fin des faims.
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