Ce livre appartient à la collection Hachette romans graphiques : ces ouvrages qui ont le format d’un roman mais qui renferment une bande dessinée (les plus célèbres d’entre eux étant à l’heure actuelle la série Heartstopper).
Lady Camembert est le personnage principal de ce roman. C’est elle que nous allons suivre au plus près, du deuil de son père en passant par son entrée à la cour et son coup de foudre pour la princesse Brie. Pour vivre pleinement son orientation sexuelle et échapper à un potentiel mariage hétéro, elle se grime en homme : changement de garde-robe et port de faux favoris sur le visage (ça peut paraître simpliste mais ça fonctionne). On est alors plongé avec elle dans les intrigues de cour avec son lot de mensonges et faux-semblants. Pour refreiner ses ardeurs et veiller à ce qu’elle ne se fasse pas remarquer, la lady peut compter sur Feta sa domestique (qui est un personnage que j’ai énormément aimé). Mais on ne peut pas faire grand chose quand les sentiments s’installent…
Vous l’aurez sans aucun doute remarqué, cette histoire met à l’honneur le fromage par le biais des noms de personnages, de domaines, etc. C’est amusant sans tomber dans le ridicule : la princesse Brie, les copines ladies Ricotta et Gorgonzola (Zola pour les intimes), le petit chien Gouda, le domaine de Gougère où habitait précédemment lady Camembert… C’est original et ça fonctionne très bien. L’aliment lui-même a une petite place au milieu des péripéties.
En démarrant cette histoire d’amour, je ne m’attendais pas à rire autant. C’est ce que j’ai préféré dans cette lecture. L’autrice/illustratrice a un humour fort qu’elle transmet principalement grâce aux dessins : entre les visages cartoonesques lors d’émotions fortes, les anachronismes ( ex : la domestique qui joue à la Switch en attendant le retour de sa maîtresse) et les petits détails en second plan, je suis complètement fan !
Quant à la romance, elle comporte son lot de tendresse, d’ambiguïtés et de désillusions. C’est une ode à l’ouverture d’esprit. Même si lady Camembert assume complètement son homosexualité, les comportements à la cour ne cessent de lui faire comprendre que ce n’est pas tolérable. Il est impossible que la princesse Brie tombe amoureuse d’elle. J’ai un léger regret par rapport à cette dernière : son point de vue est exposé tardivement dans l’histoire. J’aurais aimé connaître son sentiment après la première rencontre avec Camembert, ce qui la motive à renouer le contact, etc.
Je n’ai pas toujours été fan des romans graphiques Hachette mais celui-là est parfaitement réussi. Lectrice ultra difficile en littérature sentimentale, j’ai pourtant passé un bon moment grâce à un scénario simple et efficace et des planches sans défauts. Il trône dorénavant en bonne place sur la table de littérature pour jeunes adultes dans ma librairie.
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