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Citation de enjie77


Cette Russie de Kessel, même embellie à travers les yeux de l'enfance, n'était décidément pas littéraire, confinée à des romans, à des récits, à des nouvelles qui en portaient la trace. Elle débordait sur sa vie, expliquait bien des folies, bien des extravagances. Elle l'exaltait, lui faisait du bien, en partie. Mais elle contenait en même temps, et Druon, en avait la plus claire conscience, sa part de malheur. Kessel, il n'en doutait pas, était habité par les dibbouks, ces esprits malins qui, dans la mythologie juive, pénètrent le corps et l'âme des vivants et ne les lâchent plus. Les dibbouks insinuent en vous le remord de la faute, le regret de ce qui n'est plus ou de ce qui aurait pu être, jusqu'à votre fin dernière.

De ces démons qui le terrifiaient et avaient sur lui une emprise obsédante, Jef voulait protéger Maurice. Il avait l'espoir de lui épargner ce qui avait conduit Lola (Lazare - père de Maurice) au suicide et qui le tourmentait lui-même, menaçait forcément Georges aussi, la maléfique influence qui avait toujours plané sur eux trois. Elle polluait leur esprit avec les miasmes d'un imaginaire plein de progroms, de villages incendiés, de tribus enterrées vivantes dans la neige, et de cavaliers kirghizes qui chevauchent la nuit, alors qu'ils sont morts.

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