Citations de Dominique Bourgeon (37)
Une chanson de Theatre of tragedy s'impose à elle. Ce groupe norvégien pratique la technique dite de La Belle et de la Bête : un chant alternant les rugissements d'un viking et les vocalises d'une voix féminine, cristalline. Le tout porté par les accords rauques et sombres du Doom métal. Eléonore adore ce genre de musique, à la fois violent et mélancolique ... La Belle et la Bête.
La nudité de ces femmes, exposée à la concupiscence de cet individu, horripile le flic. La souffrance de ces êtres solitaires constituait le socle de leur envoûtement. Au lieu de les soigner, le psy abusait de leur fragilité. Norov le dégoûte.
Le cadavre se balance lentement, ses pieds à environ cinquante centimètres du sol. pendue à une branche basse du chêne doyen, l'apparition tétanise Serge.
Les disparitions engendrent des fantômes qui planent sur les âmes des familles concernées. Le parent d’un disparu ne connaît jamais de repos…
Cette affaire nous révèle le véritable dessein du tueur et le terrible mécanisme de la magie. En provoquant lui-même des coïncidences de sens, il déclenche une réaction en chaîne d'ordre symbolique.
En tant qu'historienne, elle étudie toujours l'environnement des faits qu'elle ambitionne d'approcher. Un vieux réflexe de ses années universitaires. Les événements du passé ne peuvent être appréhendés sans une prise en compte de leur topographie. Nombre de défaites ou de victoires militaires s'expliquent par la réalité du terrain.
En 1792, un chirurgien, Antoine Louis, mit au point la machine imaginée par le docteur Guillotin. Après l'avoir testée sur des moutons, il améliora l'outil à décapiter. Puis, il l'inaugura sur un voleur en place de grève. La foule fut déçue ... Habituée à des mises à mort prenant des heures, frustrée par une telle efficacité, elle hua le bourreau. Un spectacle aussi éphémère ne méritait pas le déplacement. L'engin prit d'abord le surnom de Louisette ou de Louison avant de s'enorgueillir du patronyme de son concepteur. Elle devint guillotine.
Le psy soignait sa réputation ! Il les persuadait que seul un amour insensé le poussait à renier ses valeurs professionnelles. Même discours pour l’une et l’autre, à cinq ans de distance. Toutefois, dans les deuxcas, les victimes se sont affranchies des règles imposées : Isabelle Ferrand en dérobant certaines photos et en conservant le message sur l’énigme du Sphinx – sans doute une erreur commise par Norov – ; Sophie Elberg en dérobant la chevalière. Il avait la faiblesse de l’enlever le soir. Selon le psy, cette prof paumée l’avait volée, poussée par une vengeance d’une mesquinerie sans bornes… Ce monstre était choqué ! Le flic l’aurait volontiers giflé…
Fanny !
Fanny, il l’aime bien. Presque comme sa fille ! Une nana pleine de vie, pétillante d’intelligence et de gentillesse… Une collègue rêvée…
Dans le même registre, Fanny se demande ce que peut éprouver une épouse de serial killer, lorsque celui-ci est découvert. Car, souvent, ces assassins présentent une vie normale. Pendant des années, leurs conjointes les ont côtoyés intimement. Ils ont fait l’amour, se sont aimés, ont eu des enfants. Et subitement, cette figure se déforme, s’altère brutalement puis se métamorphose en une espèce de monstre. Pour ces femmes trompées, le sentiment de souillure doit s’avérer gigantesque…
Ce personnage, la jeune femme n’arrive plus à l’évoquer. Il est devenu monstrueux. De façon générale, il est impossible d’imaginer un serial killer comme quelqu’un de proche. Le criminel doit fatalement se montrer différent, disgracieux, difforme, à l’image des ogres de l’enfance. Étrange et lointain. Pour les habitants d’un village, d’une petite commune, le tueur ne peut être l’un des leurs. Il vient nécessairement d’ailleurs…
Généralement, l’homme déteste son quotidien professionnel : il en a marre d’entendre les sempiternelles rengaines de femmes délaissées ou d’individus en quête de reconnaissance. Sa patientèle l’ennuie. À part… À part quelques exceptions… Comme Pauline, qui vient de sortir. Elle plaît au Sphinx. Beaucoup ! Et elle est si fragile… Une proie rêvée, à la recherche d’un père…
Le flic aime ces instants où les enquêtes basculent, où la vérité se dévoile peu à peu. Toutefois, un zest de prudence tempère son enthousiasme. Les convergences peuvent, parfois, conduire à des impasses. Ou à des erreurs judiciaires. Suivre la piste tout en gardant la tête froide. Depuis des années, il se répète cette maxime à l’envi. Un guide précieux dans son métier…
Le buveur devient un héros qui maîtrise son quotidien. Encore un verre puis un autre… Alors, pour parler la langue de Freud, le « ça » réapparaît. Le temps ne s’écoule plus, les besoins pulsionnels surgissent… Julien a rencontré une amante imaginaire. Il a tenté de la tenir dans ses bras, de passer quelques heures avec elle. Se risquant à l’aimer… Il a imaginé de multiples détails la concernant. La forme de sa bouche, la longueur de ses cheveux, son maquillage, son regard… La sexualité se complaît dans les nuances, dans la subtilité… Bref, le malt a exalté son désir d’amour…
Le buveur devient un héros qui maîtrise son quotidien. Encore un verre puis un autre… Alors, pour parler la langue de Freud, le « ça » réapparaît. Le temps ne s’écoule plus, les besoins pulsionnels surgissent…
La conduite pousse parfois à un état proche de l’hypnose. Les spécialistes parleraient d’une conscience modifiée. Le flic en est là… Il roule machinalement. Bouffé par ses pensées, dévoré par sa souffrance… L’homme a perdu le sens de sa vie…
Déjà, la mort d’un flic dérange. Bien au delà de l’émotion naturelle et des liens affectifs qui unissent la corporation. Car le mal parvient, dans ce cas, à briser le cordon sanitaire du commissariat. Et lorsque le policier, lui-même, se teinte de gris, les repères disparaissent… La brebis galeuse sème un trouble durable au sein d’une équipe…
Souvent, la mort engendre des comportements singuliers, des fous rires, des remarques déplacées. L’être humain ne sait quelle attitude adopter face à une dépouille… Pralin n’échappe pas à la règle. Quant à Fanny, elle ignore tout de Barnaby…
Pourquoi a-t-elle choisi une maison aussi isolée ? Pourquoi une femme en proie aux affres de la dépression se retire-t-elle du monde ? Le burn-out engendre un repli sur soi, c’est incontestable. Mais est-ce suffisant pour expliquer les choix de Sophie ?
La jeune femme se réjouit des résultats du labo. L’examen compliqué de la bâtisse de Sophie Elberg a mis en évidence un ADN féminin et une série d’empreintes. Sur le verre et la bouteille de champagne.
L’assassin appartiendrait-il à la gent féminine ? Cela ne colle pas avec le caractère sexuel de l’homicide. Fanny n’envisage pas une femme taillader à ce point le bas-ventre de sa victime. Le meurtrier s’en est pris à la féminité de Sophie Elberg. Avec une rare violence… À moins que… À moins que la prof de français n’ait entretenu une relation homosexuelle ? Une liaison saphique qu’elle aurait bafouée, entraînant ainsi une rage indescriptible de la part de son amante ?