Matisse a raison: "Ne dessinez pas un œil, dessinez un regard" (...)
Matisse a raison : "Ne dessinez pas un bras, dessinez un geste" (p. 158)
Mon art a été une suite d'appels désespérés émis par l'opérateur radio d'un navire en perdition . (p. 196)
Strindberg : Je suis le plus grand peintre scandinave. Munch : Dans ce cas, je suis le plus grand poète. Un silence. Munch : je hais tout et tout le monde, sauf moi-même. Strindberg: tu as de la chance, même moi je me hais. Fin du dialogue. A Berlin, Munch et Strindberg, tous deux célèbres, viennent de faire connaissance. (p. 88)
La seule qualité, conclut Munch, que je reconnais à l'honorable société norvégienne, aux honorables académies norvégiennes, à l'honorable presse norvégienne, c'est leur impuissance à mon égard, c'est de n'avoir pas réussi, même si insidieusement, à m'entrer dans le crâne leur couleur des choses. (p. 53)
Un été semblable, il y a quelques années, la bride d’un sac à dos a eu cette patience. J’écrivais et je la serrais dans ma main, elle me maintenait sur la ligne de flottaison, je me noyais, je remontais, je me noyais, je remontais vers le texte.

on est avant le bien et le mal, on est au paradis terrestre, le paradis c’est ça, le paradis c’est quand on n’a pas besoin du bien et du mal pour se tenir dans une pièce, debout ou assis, à discuter au téléphone ou regarder un cerisier, c’est avant que le bien et le mal s’abattent sur ma pensée parce qu’ils ne voient pas d’autre issue
....
Celui qui inflige la douleur l’inflige au nom du bien. Celui qui tue tue au nom du bien. Le bien a des millions de visages – et il a les actes du mal.
Quelle terreur : ce bien aux millions de visages qui inflige à l’autre des millions de douleur. Qui a introduit la douleur dans le monde – ceux qui ont introduit le bien ou ceux qui ont introduit le mal ?
........
Le bien et le mal n’existent pas seule existe la distance entre les corps.
Entre le monde et moi il y a la haine connue et la douleur inconnue, entre le monde et moi il y a la main qui va attraper la hache et la lame qui va retrancher ma main, le monde continuera avec elle et je resterai planté dans son oeil comme un éclat de verre..
Je n'ai jamais aimé. J'ai connu la passion qui déplace des montagnes et métamorphose l'individu- La passion qui arrache le cœur et s'abreuve de votre sang. Mais il n'y a jamais eu de femme à qui j'ai pu dire: C'est toi que j'aime, tu es tout pour moi. - Edvard Munch (p. 140)
Une route peinte par Edvard Munch n'est pas une route à proprement parler, plutôt une ligne d'embûches, une trajectoire en partance, une distance muette. (p. 189)
C’est plutôt, ce que je vais comprendre, peut-être, quelque chose qui a trait à un mouvement de penser, une émotion de penser, comme si penser avait une tête et que cette tête se penchait, s’inclinait, penser aurait également un cou, des épaules, se penchait du cou vers une épaule infiniment lointaine pour encourager, accompagner le mouvement,
Ce que je pense peut être exact en tant que vérité mais faux en tant que formulation de ma pensée. L’important n’est pas que ce que je pense soit vrai ou faux mais que je pense exactement ce que je pense. J’attache plus d’attention à penser exactement une erreur qui est mienne qu’à penser inexactement une vérité qui ne l’est pas.