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Citation de hcdahlem


C’est étrange, cette impression de me retrouver dans une situation presque analogue à celle d’une consultation médicale, sans toutefois parler d’autre chose que des douleurs de l’âme. Je lève les yeux vers l’homme assis en face de moi. Je ne décèle sur son visage aucune trace d’ennui ni d’ironie. Il m’écoute au contraire avec attention. Et sa sollicitude me touche. Sur le chemin de son cabinet, je m’étais promis de ne rien révéler de mon métier. Non pas que ma notoriété soit si grande, et de fait elle ne l’est pas, mais je voulais m’abriter derrière l’anonymat de mon nom d’épouse (c’est d’ailleurs sous ce patronyme que j’ai pris rendez-vous). Mais je me rends compte dès le premier entretien que cela est impossible et suis bien obligée de glisser dans la conversation que j’écris. À force d’inventer des vies, je ne suis plus capable de penser la mienne. Je peux m’immiscer dans la tête de mes personnages, les faire parler, pleurer, rire, mais dès qu’il s’agit de moi, j’éprouve une sensation de vide. J’ai effectivement l’impression de ne plus savoir ordonner et structurer mes pensées, encore moins les formuler. J’ai besoin du support d’un écran, faute de quoi les mots rebondissent d’un hémisphère à l’autre de mon cerveau sans que je parvienne à les exprimer. Je perds la mémoire du passé… Je n’imprime plus le présent…Au moment de me raccompagner, l’homme évoque la possibilité de me lire si je pense que cela peut être utile à mon travail. Je rougis violemment. Je n’aurais jamais dû lui dire que je suis romancière !
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