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Critiques de Dominique Le Meur (6)
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L'ombre des longs silences

« L’ombre des longs silences » de Dominique Le Meur. Il y a des titres qui résonnent tout particulièrement dans nos cœurs, dans nos âmes, celui-ci ne déroge pas à la règle et je le trouve magnifique. Il est à l’image de l’impression délivrée par cette lecture profondément humaniste dans l’expression de valeurs progressistes au cœur de la société irlandaise de la décennie 2010-2020, le tout dans un contexte anxiogène dû au Brexit au Royaume-Uni en juin 2016. Une écriture sensible et délicate exprimant à merveille les méandres de l’adolescence, des espérances et des déceptions inhérentes à la découverte de la vie adulte mais également les tensions entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande. Des crispations qui concernent néanmoins une autre génération. Les personnages principaux sont attachants. Ils ont leurs secrets enfouis, leurs parts de responsabilité dans les bouleversements de la vie d’une jeune fille prénommée Kayla. Sa maman s’appelle Isabel et son grand-père Joseph. Un mystère plane sur l’identité de son père. Vous le découvrirez dans le roman aussi je n’insiste pas sur ce point qui est au centre des interrogations de la jeune fille. On découvre une Irlande tenaillée entre l’ancienne génération, hostile aux évolutions sociétales du XXIème siècle, attachée aux valeurs d’un catholicisme traditionnaliste et, les plus jeunes, ouverts au vote d’une loi pour autoriser l’avortement par exemple. Les personnages principaux sont féminins. Dominique Le Meur questionne les différentes formes de féminité, leurs expressions, le poids des conventions, l’émancipation des plus jeunes et leurs aspirations nouvelles. C’est, à mon sens, un roman puissamment évocateur des questions sociétales en Irlande. Il est très bien écrit et délivre un message humaniste qui m’a énormément plu. La relation mère/fille, Isabel et Kayla est belle et profonde. Elle possède des aspérités, rien n’est parfait et vous comprendrez pourquoi en lisant « L’ombre des longs silences » le nouveau roman envoûtant de Dominique Le Meur. N’hésitez pas.
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La promesse de Dublin

Rian est irlandais. Il vit à Limerick, bosse dans l’informatique, il est marié avec Shona. Peu de temps avant les noces, il a eu une aventure un soir de mission à Cork avec Madison, une canadienne d’origine irlandaise, venue provisoirement travailler en Irlande. Très vite entre eux, le temps se conjugue au présent et une liaison durable voit le jour… mais Rian ne parle pas à Madi de Shona, il ne lui dévoile rien de son mariage. De fil en aiguille, il va entamer une double vie.



Le roman commence deux ans après, à Montreal en 2015. Madison est rentrée au pays il y a quatre mois et Rian s’est décidé à la rejoindre, à la choisir, elle. Il honore ainsi une promesse qu’il lui a faite, lors d‘un weekend à Dublin. Le titre du roman est posé, mais bizarrement, Madison, qui devait venir le chercher à l’aéroport, ne se présente pas. Incompréhension. Une longue attente commence, durant laquelle les questions fusent dans sa tête. « L’hier l’assaille de nouveau », il repense aux deux années écoulées et nous livre une autopsie fine de sa double vie. Les crises d’humeur de Shona, soudaines et inexpliquées, les deux téléphones portables, les mensonges éhontés – il va jusqu’à ressusciter sa mère, quand même – pour justifier absences et rendez-vous manqués… « C’étaient deux vies séparées. Deux mondes parallèles qui ne se télescopaient jamais. »



La promesse de Dublin brosse aussi avec acuité le portrait d’une Irlande contemporaine en pleine mutation.



« Au milieu des années 90, l’Irlande a commencé une métamorphose spectaculaire. Le Tigre celtique poussait ses premiers rugissements. Les jeunes ne partaient plus. Mieux, certains revenaient, et des étrangers, rares jadis, faisaient résonner les rues de nouvelles langues, apportaient avec eux de la diversité. Le pays-chrysalide a alors peu à peu brisé le cocon qui le confinait à l’isolement au milieu de l’océan. On pouvait désormais y travailler, s’y affirmer. Exister. »



On y fait campagne en faveur du mariage pour tous, on manifeste contre la nouvelle taxe sur l’eau. J’y ai découvert la formidable prise de parole de Panti Bliss à l’Abbey Theater en 2014 et je sais maintenant comment faire habilement du porte à porte pour une cause (j’ai pris des notes !). J’ai aussi découvert le tableau L’homme de la plaine de l’expressionniste allemand Erich Heckel. Cette allégorie de l’oppression orne le bureau de Rian et il va s’y référer souvent, à mesure que sa propre oppression intime devient galopante. Il se sent cerné par ses dissimulations et ses mensonges, et arrive même à se mentir à lui-même : « Je n’ai jamais eu l’impression de tromper ni l’une ni l’autre ».



Le récit est mené avec habileté. On ne saura qu’à la fin – agréablement surprenante -, si ces existences sont bien réelles. La plume de Dominique Le Meur est vraiment plaisante : précise, sur le fil, travaillée sans lourdeur, et enrichie d’images vives.



J’ai vraiment beaucoup aimé cette épopée d’un menteur, sur fond d’Irlande aujourd’hui ! Deux existences parallèles, un homme, deux femmes, deux pays et une promesse.



« J’étais l’eau qu’on verse dans différents vases. prenant la forme de ses humeurs. »
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Irlande, Nuit Celtique

Morris habite à Limerick. Morris travaille pour Compuflex, une société américaine qui a profité des avantages fiscaux offerts par ce qu'on a appelé le Tigre celtique. Seulement voilà, le Tigre, c'est fini. Il n'en reste plus que la carcasse. Et c'est l'univers de la nuit qui s'abat sur Morris, divorcé, père d'un grand enfant qui travaille pour une banque... Après quinze ans de bons et loyaux services, Compuflex licencie Morris de la manière la plus lâche qui soit : aucune information préalable au licenciement, juste une lettre, "projectile de mots bruts" qui descend Morris en plein vol. C'est trop dur à affronter pour cet homme célibataire et plutôt solitaire. Impossible de l'avouer à sa famille, encore moins à ses amis. Mais aussi celui d'un regard introspectif sur lui-même. Et une descente aux Enfers.



Je vous le dis d'emblée : oubliez l'Irlande et ses images d'Epinal : les jolis paysages, les ponies, les tourbières etc. C'est ici une Irlande de désolation économique contemporaine que brosse Dominique Le Meur. Des Irlandais floués et laminés par un gouvernement qui a mis en place un système ultra-libéral et des banques qui ont fait croire aux Irlandais qu'ils pouvaient tous devenir propriétaires, emprunter et rembourser sans problèmes. Pour un peuple qui a tant souffert, c'était trop tentant. Seulement la crise a planté ses crocs en Irlande dont l'économie a été la première à vaciller en Europe, parce que fragile comme une bulle de savon : la grande majorité des investissements sont celles de société étrangères, américaines en particulier, appâtées par un système fiscal avantageux, le profit et bien peu de considération pour la main-d'oeuvre... Ainsi, la société informatique pour laquelle travaille Morris délocalise... en Pologne.



Comble de l'ironie, c'est avec une Polonaise que le fils de Morris s'apprête à se marier, ce fils qui lui-même travaille pour une des banques qui a floué un de ses anciens collègues qui vit maintenant dans un lotissement fantôme, abandonné, comme on en dénombre tant en Irlande depuis la crise. Un bidonville irlandais, parcouru par une route inachevée et défoncée, sans eau courante et un système électrique aléatoire. Des gens oubliés de tous, qui ne peuvent pas aller vivre ailleurs puisqu'ils ont emprunté des sommes astronomiques pour acheter leur bien. Je savais que ces lotissements existent. Mais j'étais à un million d'années lumière de me douter de l'état dans lequel on a laissé ces personnes. Il n'y a qu'un mot (et pas assez fort pourtant) : REVOLTANT !



La dépression dans laquelle s'enferme Morris, l'amène à repenser à son enfance, surtout les jours de cuite. Et ce sont les vieux démons qu'il a enterrés toute une vie qui remontent : comme tous les enfants irlandais, Morris a suivi sa scolarité dans une école religieuse. Mais lui était interne. Vous le savez sans doute maintenant, car les médias ont relayé les scandales qui se sont déroulés dans ces écoles. Les prêtres pédophiles, tout ça... Dominique Le Meur ne cache rien de ce qui s'est passé dans ces instituts. On en reste estomaqué et frissonnant d'horreur !



Un roman très bien documenté sur l'Irlande contemporaine, dont il ne reste plus que de la "peau de tigre en lambeaux", où l'on traite les travailleurs qui ont permis aux sociétés étrangères de s'enrichir comme des déchets, de simples rebuts. Un livre tout à fait juste dont je partage absolument la vision des choses. Un roman qui n'est pas non plus dépourvu d'humour (à l'irlandaise !)

Un livre qui m'a émue.

Un bel hommage aux Irlandais victimes d'abus de toutes sortes.
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La promesse de Dublin

Il y a quelques années, j'ai lu Irlande, nuit celtique, qui était le dernier roman en date de Dominique Le Meur et qui m'avait bien plu car l'histoire était vraiment ancrée dans l'Irlande contemporaine ; l'intrigue n'était finalement qu'un prétexte pour raconter se qui se passait à l'époque où le fameux Tigre Celtique se cassait la figure. C'est donc avec pas mal de curiosité que j'ai accepté de recevoir son nouveau roman, La promesse de Dublin, qui nous plonge quelques années plus tard, avec d'autres personnages pour un autre récit.



Rían est marié à Shona. Il vit à Limerick. Quelques jours avant son mariage avec celle-ci, il a rencontré, dans le cadre de son travail, Madison, une Québécoise qui vit en Irlande mais devra rentrer au pays un jour ou l'autre. C'est le début d'une double vie, d'une vie de mensonge et de malhonnêteté pour Rían. Une vie de casse-tête. Une vie d'oppression qu'il s'est construit tout seul. Il devient l'allégorie vivante de L'homme de la plaine du peintre expressionniste Erich Heckel, qui orne d'ailleurs son logement. Non seulement, il épouse Shona, mais il continue de voir Madi, sans complexes. Il lui a même fait une promesse, (qui donne son titre au livre), "une sorte de bague de fiançailles verbales qui cré(en)t des obligations" (un jour, tout plaquer pour la rejoindre à Montréal). Au moment où commence le roman, il a mis à exécution sa promesse. Il débarque à l'aéroport de Montréal, avec quelques bagages, pour vivre définitivement au Québec, larguant derrière lui, une vie d'oppression, selon lui. Seulement voilà : personne à l'arrivée. Rían se retrouve face à lui-même et se remémore sa rencontre avec Madison, Shona, et cette l'Irlande en évolution... Contre toute attente, la République d'Irlande vient de légaliser le mariage pour tous sans difficulté lors du dernier référendum. Mais, par ailleurs, le gouvernement a décidé de créer un nouvel impôt : celui sur l'eau. La majorité des Irlandais, ne l'entend pas de cette oreille dans un pays où il pleut tant. La lutte s'organise contre l'oppression par l'impôt, une lutte à laquelle Rían a participé activement, entraîné par ses amis et Madison.

Mais pour l'instant, Rían se trouve comme l'arroseur arrosé : seul et homme de la plaine.



On se retrouve face à un personnage pas vraiment sympathique. Du moins, il m'a vraiment agacée ce type ! Je me suis demandé comment ça allait se terminer pour lui. La fin est assez surprenante, ironique : ce qui lui arrive est un peu absurde. Avoir fait tout ce chemin pour en arriver à.... (biiiiiip ! vous devrez lire le livre pour le savoir).

Rían fuit l'oppression, entend vivre libre. Mais ne serait-il pas un peu bipolaire le bonhomme, j'exagère à peine ? Le portrait qu'il fait de son épouse est celui de la femme qui a su serrer le pigeon et le faire tomber dans le nid pour une vie conformiste. "Avec Shona, les choses avaient été somme toutes rapides. Les éléments de construction s'étaient agencés avec une logique sûre. Très vite, les rencontres s'étaient agencées avec une logique sûre. (...) Elle s'était mise à sauter de joie, puis a crié à un couple qui passait.

- Je suis amoureuse. Mon homme et moi, on va habiter ensemble !" (...) J'ai demandé Shona en mariage lors d'un dîner au Dromoland Castle, un hôtel chic du comté de Clare (...). La bague aux entrelacs brillants surmontés d'un diamant l'a ravie et elle a beaucoup pleuré." Bref, une vraie bécasse ! Pas facile à vivre, pour couronner le tout, du genre à faire des crises. "Ces crises existaient bien. Ce n'était pas une invention. (...) Shona était ainsi." Finalement, on se demande pourquoi ils se sont trouvés, mariés si ce n'est pour rentrer dans la norme que veut leur imposer la société.

Madi est tout le contraire de Shona mais c'est un peu étonnant qu'elle gobe tout ce que lui raconte Rían quand il ne peut pas la rejoindre (ouais, une vieille mère malade, avec qui il vit... :p ). Et c'est également étrange que Shona croit aussi toutes ses balivernes sur la longueur. Ou pas. Le mystère est bien entretenu finalement car la narration alterne entre le récit que fait Rían et un récit à la troisième personne qui dévoile des choses qu'il ignore.

Alors, pourquoi Madison n'est-elle pas à la porte des arrivées de l'aéroport à Montréal ? La deuxième partie du roman le révèle. "Une machine sans pitié. Une envoyée du passé ou du futur avec une mission dont il ne sortirait pas indemne." Il ne va pas y avoir un coup de théâtre, mais deux !



Au début, le roman m'a un peu désarçonnée à cause de ce personnage principal agaçant mais aussi parce que ses histoires de coeur prenaient le dessus sur l'arrière fond sociétale dans lequel se situe l'histoire et que j'aurais aimé peut-être plus présent. Puis j'ai fini par me laisser porter par ce roman d'une ironie grinçante. :) On le referme avec un drôle de sourire aux lèvres.

Je vous parle un peu de l'auteur : Dominique Le Meur est bien français, il vit à Limerick depuis les années 1990 où il enseigne la langue de Molière à l'université. Outre, Irlande, nuit celtique, il a écrit plusieurs romans :

Où va-tu Irlande ? qui se situe dans les années 70 et met en scène l'Irlande et l'Irlande du Nord en particulier ;

Par-delà les murs, qui se passe de Belfast Ouest à Berlin Est. dont Le Monde Magazine a écrit que c'est "une belle histoire d'Europe, des personnages attachants qui se débattent dans l'Histoire. Un roman dans lequel on a le temps de s'installer et que l'on est triste de quitter. Un vrai bon livre." Il est lauréat du Prix du Roman en Ligne 2010, dans la mention "adaptable à l'image";

Retour vers l'ailleurs "revient sur les bouleversements sociaux, économiques et culturels que l'Irlande a connu ces dix dernières années".



Dominique Le Meur intervient aussi régulièrement au festival franco-irlandais de Dublin.
Lien : http://milleetunelecturesdem..
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Irlande, Nuit Celtique

Morris , cinquantenaire vit à Limerick , ville d'Irlande ,touchée, comme tout le pays par la crise économique qui fait suite à la "bulle" irlandaise . Morris se retrouve licencié du jour au lendemain car la société qui l'embauche a choisi de délocaliser en Pologne .



Lentement mais surement , Morris sombre dans la dépression . Il erre pour occuper ses journées , autant dans l'Irlande que dans sa tête et les souvenirs de son mariage , de son enfance , remontent à la surface . Si son divorce lui a laissé un goût amer , ses années de pensionnat auprès de prêtres malsains l'ont traumatisé.



C'est au cours d'un voyage en Pologne où son fils célèbre son mariage avec une jeune polonaise qu'il commencera à parler de ce passé douloureux ....



Une Irlande morose où les crises se succèdent .La crise économique qui fait suite à "l'embellie " de la bulle irlandaise , apporte son lot de catastrophes humaines : villes qui se meurent , chomage , surendettement . La crise de l'église suite aux nombreuses dénonciations des abus des prêtres pédophiles et à l'attitude de l'Eglise sur la gestion de ces actes a secoué un pays profondément catholique . Morris est comme son pays, cabossé mais néanmoins vivant .



Une situation sociale et économique difficile , assez bien rendue par l'auteur mais j'ai trouvé qu'il y avait peut-être un peu trop de thèmes sociaux abordés pour un seul et même livre
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Par-delà les Murs

Voilà quelques-unes des critiques concernant 'Par-delà les murs':



'Une belle histoire d'Europe, des personnages attachants qui se débattent dans l'Hisoire. Un roman dans lequel on a le temps de s'installer et que l'on est triste de quitter. Un vrai bon livre.

(Didier Pourquery, Le Monde Magazine)



Un excellent livre qui nous permet de vivre une aventure que tous ceux qui se souviennent de la chute du Mur de Berlin auraient aimé partager'

(Laurent Calixte, Challenges)



'Un roman dynamique, sensible et poignant'

(Véronique Morali, Terrafemina)



'La chute du Mur de Berlin n'avait pas encore donné tout son miel littéraire. Avec Dominique Le Meur, c'est chose faite.'

(Elizabeth Gouslan, Madame Figaro)
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