Dominique Lecourt, éminent philosophe, fait un détour du côté de l’essai libre et personnel. L’égoïsme est l’occasion pour lui d’interroger une attitude qui, selon lui, cache bien des étonnements. La précipitation du jugement voudrait qu’on oppose égoïsme et altruisme, or pour ce philosophe, tout ne se passe pas aussi simplement.
Pour lui, il existe deux types d’égoïsme: l’égoïsme de compétition (le chacun pour soi) et l’égoïsme d’indifférence (caractérisque des sociétés dites développées). L’homme moderne est finalement en proie à l’indifférence. Insidieuse, elle fait ressortir notre vraie nature: « Stendhal a raison, l’égoïsme n’est pas un trait de caractère, c’est un « système de fer ». Il exploite avec férocité la faiblesse de notre nature. »
A observer nos sociétés, je crains que ce philosophe n’ait vu juste. Espérons que cette indifférence connaisse au moins des parenthèses …
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Si toutes les philosophies se sont déclarées scientifiques, l'expression de philosophie des sciences ne naît qu'au début du XIXème siècle dans un ouvrage d'Ampère et le terme d'épistémologie peu de temps après par un philosophe écossais (marginalisé aujourd'hui). Auguste Comte promet l'avènement d'une ère positive, c'est-à-dire débarrassée des interprétations, explications des lois de la nature et qui permettrait d'évacuer en même temps les péroraisons verbeuses. Ernst Mach en Autriche accentue ce désinvestissement ontologique de l'homme dans "la nature". Ainsi, se met en place à la fin du XIXème siècle et plus encore au début du XXème un courant de pensée qui vise à réduire toute connaissance à n'être qu'une information brute que dénaturerait l'intégration dans toute réflexion plus générale. Il s'agit de faire du positivisme logique (logique évacuant encore la pensée devenue mathématique), de rejeter l'héritage de Kant et de la philosophie du sujet. L'exil de ces penseurs autrichiens aux Etats-Unis se greffent au béhaviorisme, au pragmatisme et à l'empirisme en Grande-Bretagne. Malgré cela, ces principes ne prennenent pas en France.
La raison est que le positivisme de Comte n'est pas empirique, il est fondé sur les mathématiques, que les principaux défenseurs français de la logiques ont disparu brutalement au début du XXème siècle, et qu'il leur fallait de toute façon s'opposer à l'autorité d'Henri Poincaré et de toute une école qui ne prête aucune capacité d'invention à la logique. Au contraire, c'est l'épistémologie bachelardienne qui fleurit, qui prône que l'opposition intègre toujours, dans l'histoire des sciences, les constructions du passé, et que le réel n'est jamais que construit, quand bien même on le fait reposer sur des expériences (menées pour confirmer... une pensée) : c'est l'observation qui prime et non l'expérimentation. Cavaillès confirme. Aujourd'hui, la logique positiviste et empirique a tendance à reconnaîre son incapacité à former un système qui se passe de toute explication. Une fusion pourrait alors s'opérer entre ces deux courants de pensée opposés.
La synthèse est brillante et d'une très grande clarté. On sent bien sûr la faveur donnée, malgré la très petite place qu'elle y prend, au courant "explicatif" de la science par l'auteur ; mais on ne comprendrait pas que, sachant si bien expliquer, il défende la position inverse... La bibliographie est par ailleurs alléchante.
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J'ai apprécié ce petit précis de philosophie à la portée de tout un chacun. Relativement court (170 pages), il se lit bien et prête à réflexion.
Jusqu'à se questionner sur l'égoïsme propre à l'altruisme.
Dominique Lecourt a une plume alerte et accessible, je m'en vais de ce pas explorer d'autres volumes de la collection.
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Bon petit ouvrage de présentation de la philosophie des sciences. Le point de vue est plutôt historique : l'auteur étudie de manière chronologique les différents philosophes qui ont marqué la réflexion sur la nature de la science et sur le rapport entre science et philosophie. C'est une bonne entrée en matière et une invitation à approfondir les questions soulevées. Je note en particulier un excellent chapitre sur Ernst Mach et un autre très bon chapitre sur la tradition française.
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Un peu déçu par ce "que sais je ?". Le peu d'explications des concepts philosophiques est obscur. Ce livre n'est qu'une succession de dates de vie et de morts de philosophes. Je n'ai pas appris beaucoup de choses à sa lecture. Sans intérêt.
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Ce petit ouvrage, écrit par un spécialiste du sujet, présente un historique et une explications des thèses ayant eu cours et/ou étant encore actuellement discutées. L'ensemble est bien construit et les différents chapitres s'enchaînent logiquement.
Le niveau d'écriture est assez relevé et la lecture de certains passages pas toujours aisée pour un non-spécialiste, mais le propos permet de s'éclaircir les idées au sujet de nombreuses notions discutées aujourd'hui mais en général assez obscures à comprendre !
Instructif !
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Ce Que sais-je a pour ambition de résumer ce qu'est la philosophie des sciences en 120 pages. En si peu de pages les concepts, les points de vue ne peuvent être qu'effleurés.
Pour autant, j'ai beaucoup apprécié ce livre. J'ai aimé l'approche chronologique qui permet d'avoir une vision historique, que j'ai trouvée plus naturelle qu'une approche par concept dans laquelle des penseurs de tous les siècles seraient mélangés. J'ai aussi aimé avoir une vision globale et condensée de ce tout ce qui a été réfléchi.
Je garde précieusement ce livre dans ma bibliothèque comme ouvrage de base, comme une sorte de bibliographie légèrement développée à laquelle je peux me référer quand j'ai envie de savoir par quels ouvrages commencer si je veux approfondir ma connaissance de tel ou tel domaine de la philosophie des sciences.
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