Il y a des livres que j'achète pour leur odeur. Leur titre. Leur velouté entre mes mains. Ou les premières phrases du premier chapitre. Puis je les pose dans un coin. Je les oublie. quand je les retrouve, j'ai toujours une légère peur. Une sorte d'appréhension, la même peut-être que celle ressentie au rendez-vous donné à une fille qu'on a vue une fois : et si j'étais déçu ? Cela arrive. Le moment est mal choisi. Il faut attendre encore. Il m'est arrivé de lire un livre deux, trois ou quatre ans après l'avoir acheté. La rencontre se faisait à nouveau, brutale, comme une étreinte. (p.49-50)