C'est la connaissance intime de la langue qui me manque. La langue des bruits, des odeurs, la langue de l'amour, de la joie, des peurs, du rien, de la vie, de la rue, âpre et heureuse, douce et rugueuse du quotidien. Ce n'est pas la langue figée des livres qui me déserte. Ce n'est pas elle dont j'ai soif même si je me résoudrai à l'apprendre. Comme l'Algérie qui, à son indépendance, a cherché à recouvrer "son" identité et "sa" langue, impasse du singulier, je décide de m'arabiser.
Tendons l’oreille à nos ainés encore vivants. Eux savent : l’oppression coloniale, la ségrégation, la hiérarchie raciale. Enfants, petits enfants, nous gardons en bouche ce goût amer, relent d’histoire mal digérée.
La grand-mère est décédée, paix à son âme, l’histoire avec elle envolée.