On ne peut ignorer que Gauguin soit antipathique à beaucoup de gens, y compris à de nombreux critiques.
On n'aime pas l'homme, car il vit aux crochets de sa femme et de ses amis, et sur son exotisme planent de gros doutes quant à son utilité.
On n'aime pas sa façon de peindre, car elle fut libre avant l'heure, et, au fond, la peinture libre n'est pas considérée comme une chose sérieuse.
On n'aime pas sa façon d'écrire, car on le considère comme un "médiocre" propagandiste d'idées "fumeuses"
(il faut tout de suite noter que ses lettres, ses essais, et ses mémoires ne sont qu'en partie édités, et que "Noa Noa" est encore lu en éditions pleines du lyrisme débordant de Morice, que Gauguin ne voulait pas, tandis que les pages dont il est responsable expriment une vérité et une sensibilité très humaines, rendues par un style virilement délicat, que beaucoup d'hommes de lettres pourraient lui envier).
De plus, Gauguin est gênant, car en lui, comme en Van Gogh, la vie et l'art ne font qu'un, bien qu'avec une volonté moins héroïque que chez le peintre hollandais, mais en finissant par payer tout aussi cher cette nouvelle façon de faire de l'art.