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Citation de AuroraeLibri


Cependant nos victoires étaient en train de déménager l’Italie. Les chefs-d’œuvre de Rome, de Florence, de Venise, se pressaient à Paris. L’art italien effaçait tout. Les collectionneurs ne s’honoraient plus que de tableaux de l’école italienne. L’occasion d’une fortune apparut là, dans ce mouvement de goût, à M. de Varandeuil. Lui aussi avait été pris de ce dilettantisme artistique qui fut une des délicates passions de la noblesse avant la Révolution. Il avait vécu dans la société des artistes, des curieux ; il aimait les tableaux. Il songea à rassembler une galerie d’italiens et à la vendre. Paris était encore plein des ventes et des dispersions d’objets d’art faites par la Terreur. M. de Varandeuil se mit à battre le pavé, — c’était alors le marché des grandes toiles, — et à chaque pas il trouva ; chaque jour, il acheta. Bientôt le petit appartement s’encombra, à ne pas laisser la place aux meubles, de vieux tableaux noirs si grands pour la plupart qu’ils ne pouvaient tenir aux murs avec leurs cadres. Tout cela était baptisé Raphaël, Vinci, André del Sarte ; ce n’étaient que chefs-d’œuvre devant lesquels le père tenait souvent sa fille pendant des heures, lui imposait ses admirations, la lassait de ses extases. Il montait d’épithètes en épithètes, se grisait, délirait, finissait par croire qu’il était en marché avec un acheteur idéal, débattait le prix du chef-d’œuvre, criait : — Cent mille livres, mon Rosso ! oui, monsieur, cent mille livres !…
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