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Citation de AuroraeLibri


Le père, stupéfait et tout abasourdi de la révolte, cédait et renvoyait la domestique, mais il gardait à sa fille une lâche rancune du sacrifice qu’elle lui avait arraché. Son ressentiment se trahissait en mots aigres, en paroles agressives, en remerciements ironiques, en sourires d’amertume. Sempronie le soignait mieux, plus doucement, plus patiemment, pour toute vengeance. Une dernière épreuve attendait son dévouement ; le vieillard était frappé d’une attaque d’apoplexie qui lui laissait tout un côté du corps raidi et mort, une jambe boiteuse, l’intelligence endormie avec la conscience vivante de son malheur et de sa dépendance vis-à-vis de sa fille. Alors, tout ce qu’il y avait de mauvais au fond de lui s’exaspéra et se déchaîna. Il eut des férocités d’égoïsme. Sous le tourment de sa souffrance et de sa faiblesse, il devint une espèce de fou méchant. Mlle de Varandeuil voua ses jours et ses nuits à ce malade qui semblait lui en vouloir de ses attentions, être humilié de ses soins comme d’une générosité et d’un pardon, souffrir au fond de lui de voir toujours ses côtés, infatigable et prévenante, cette figure du Devoir. Quelle vie pourtant ! Il fallait combattre l’incurable ennui du malheureux, être toujours à lui tenir compagnie, le promener, le soutenir toute la journée. Il fallait le faire jouer quand il était à la maison, et ne le faire ni trop perdre ni trop gagner. Il fallait se disputer avec ses envies, ses gourmandises, lui retirer les plats, essuyer pour tout ce qu’il voulait, des plaintes, des reproches, des injures, des larmes, des désespoirs furieux, les rages d’enfant colère qu’ont les vieux impotents. Et cela dura dix ans ! dix ans, pendant lesquels Mlle de Varandeuil n’eut d’autre récréation et d’autre soulagement que de laisser aller les tendresses, les chaleurs d’une affection maternelle, sur une de ses deux jeunes amies et parentes nouvellement mariée, (...).
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