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Citation de AuroraeLibri


et elle vint habiter avec lui un joli petit appartement du haut de la rue de Clichy, au quatrième d’une des premières maisons bâties sur le terrain, presque vague encore, où l’air de la campagne passait gaiement à travers l’ébauche des constructions blanches. Elle continua là sa vie modeste, ses toilettes humbles, ses habitudes d’épargne, contente de la plus mauvaise chambre de l’appartement et ne dépensant pour elle pas plus de dix-huit cents deux mille francs par an. Mais bientôt une sourde jalousie, lentement couvée, perçait chez la mulâtresse. Elle prenait ombrage de cette amitié du frère et de la sœur, qui semblait lui retirer son mari des bras. Elle souffrait de cette communion que faisaient entre eux la parole, l’esprit, le souvenir ; elle souffrait de ces causeries auxquelles elle ne pouvait se mêler, de ce qu’elle entendait dans leurs voix sans le comprendre. Le sentiment de son infériorité lui mettait au cœur les colères et le feu des haines qui brûlent sous le tropique. Elle prit ses enfants pour se venger, les poussa, les excita, les aiguillonna contre sa belle-sœur. Elle les encouragea à en rire, à s’en moquer. Elle applaudit à cette mauvaise petite intelligence d’enfants chez qui l’observation commence par la méchanceté. Une fois lâchées, elle les laissa rire de tous les ridicules de leur tante, de son physique, de son nez, de ses toilettes dont la misère pourtant faisait leur élégance, toutes deux. Ainsi dressées et soutenues, les petites arrivèrent vite à l’insolence.
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