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Citation de AuroraeLibri


Médéric Gautruche était l’ouvrier noceur, gouapeur, rigoleur, l’ouvrier faisant de sa vie un lundi. Rempli de la joie du vin, les lèvres perpétuellement humides d’une dernière goutte, les entrailles crassées de tartre comme une vieille futaille, il était de ceux que la Bourgogne appelle énergiquement des boyaux rouges. Toujours un peu ivre, ivre de la veille quand il ne l’était pas du jour, il voyait l’existence au travers du coup de soleil qu’il avait dans la tête. Il souriait à son sort, il s’y laissait aller avec l’abandon de l’ivrogne, souriant sur le pas du marchand de vin vaguement aux choses, à la vie, au chemin qui s’allonge dans la nuit. L’ennui, les soucis, la dèche n’avaient pas prise sur lui ; et quand par hasard il lui venait une idée noire ou sérieuse, il détournait la tête, faisait un certain psitt ! qui était sa manière de dire zut ! et levant le bras droit au ciel en caricaturant le geste d’un danseur espagnol, il envoyait par dessus l’épaule sa mélancolie à tous les diables. Il avait la superbe philosophie d’après boire, la sérénité gaillarde de la bouteille. Il ne connaissait ni envie ni désir. Ses rêves lui étaient servis sur le comptoir. Pour trois sous, il était sûr d’avoir un petit verre de bonheur, pour douze un litre d’idéal. Content de tout, il aimait tout, trouvait à rire et à s’amuser de tout. Rien ne lui semblait triste dans le monde — qu’un verre d’eau.

Chapitre XLIX
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