Il songeait qu'en été il pourrait se déchausser, mettre ses pieds dans la rivière et ajouter aux autres impressions la sensation de l'eau qui lui glisserait sur les chevilles. Il songeait que l'eau devait être gelée maintenant, et on n'apercevait jamais une silhouette humaine parmi les arbres de la rive opposée. Il songeait qu'en face, entre les chalets et les villas, tout n'était, sans doute, que paix.
(...)
Il songeait à tout le reste. À ces sept années d'isolement passées en compagnie de Pure, dans l'inquiétude, dans la crainte constante que le fil de la vie ne se brisât, les laissant, lui ou elle, solitaires au milieu des choses. Les choses ! Elles étaient plus vieilles et plus durables que la naissance ou la mort - avec leur monstrueuse docilité qui devient bientôt une tyrannie, obéissantes entre nos mains, mais despotiques à notre mort et régnant sur notre disparition.