Toute petite, Juliette aimait se déguiser en dame ou en princesse. Une tendance 'fifille' somme toute assez banale, à laquelle sa mère cédait volontiers, comme d'ailleurs au moindre de ses caprices. Il faut dire que sa génitrice appartenait elle-même à l'espèce des femmes apprêtées, plus soucieuses du contenant que du contenu. Chorale, arbre de Noël, spectacle de fin d'année, chacun des petits événements qui rythment l'école primaire furent autant d'occasions pour Juliette de parader sur les podiums, poudrée d'artifices peu en rapport avec son âge, habillée, coiffée et fardée par les mains expertes de sa mère qui trouvait là l'occasion de manifester la supériorité éclatante de sa propre beauté.
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