Les femmes embrassent divinement, et leurs petites mains savent faire ce qu’il faut. Comment peux-tu tout désirer, me demandais-tu en riant.Je ne sais pas, Vale. Ce n’était pas le cas avant. Avant tout ce pataquès avec Davide. Ni même quand j’étais plus jeune. Maintenant, ils me plaisent tous. Peut-être parce que je vieillis et que le temps raccourcit. J’ai pitié des corps. J’ai une grande pitié et un grand respect des corps.
Tout me dégoûtait, tout ce qui s’était passé dans ma vie au cours de l’année écoulée me dégoûtait et cette femme inutile était responsable d’une bonne partie de ce gâchis.
Pour la première fois depuis un an, c’est moi qui avais raison. Je l’avais envoyée au tapis, je l’avais défigurée. C’est ce que j’aurais dû faire depuis le début : l’arracher de là où elle était. Et où je l’avais mise moi-même.
Avec son visage ensanglanté, elle était devenue une autre. Elle n’était plus une femme sexy qui portait des vêtements de marque et dont la coiffure recherchée cachait ses oreilles en feuilles de chou. C’était une clocharde, une camée qui pouvait avoir volé de l’argent à quelqu’un, à moi par exemple, qui l’avais punie. Mon coup de poing l’avait exclue de la catégorie des personnes respectables.
M’appeler faisait partie de sa stratégie, être gentil mais vigilant, tenir l’ennemi à l’œil. Interpréter mes pauses, le ton de ma voix. Il téléphonait toujours avant de rentrer le soir et, s’il détectait de mauvaises ondes, m’annonçait que, hélas, il finirait tard, je n’avais qu’à aller au lit sans l’attendre.
Tu sais, ces histoires de vieille femme qui te prend en stop, mais le lendemain matin tu apprends qu’elle est morte depuis vingt ans, ou bien de chiot africain qui en grandissant se transforme en monstre carnassier.