L’obscurité ne pouvait être plus complète. Accueillante, comme une amie que l’on revoit après des années. Tout semblait calme, paisible, les champs alentour recouverts par une légère brume offrant un paysage surréaliste, magnifique à qui sait apprécier la beauté des ténèbres.
Les arbres venaient d’endosser leur manteau automnal. Les teintes allaient de l’ocre à l’émeraude avec une touche d’or. Un régal pour les yeux, lourd de sens quand on observe de plus près ce paysage caractéristique d’une mère pleurant la disparition de son enfant. Un revêtement significatif pour la faune. Le début d’un long sommeil pour certains, des mois compliqués pour d’autres, mais aussi une réjouissance pour ceux qui n’hibernent pas. Découvrant alors les feuilles s’envoler au gré du vent ainsi que des bienfaits de la nature en cette période. Du froid mordant et tendre à la fois, de douces larmes du ciel qui nappera toutes ses étendues sous une fraîche couche poudreuse.
Perdue à travers la verdure gelée, elle maudit la lumière blafarde qui l’aveugla. La bourrasque ne tarda pas à laisser sa place à l’odeur nauséabonde du pot d’échappement. Elle qui était d’ordinaire seule sur ce chemin, il a fallu que quelqu’un ait l’idée de venir au même moment. Pourquoi diable ne pouvait-elle pas rester tranquille une matinée supplémentaire ? Remerciant à sa manière les créateurs de cette beauté à couper le souffle, elle reprit sa route, avançant au gré de son corps et des éléments.