Elina Vincent

Rolph, enfin chez lui, s'élançant comme mû par un instinct indéfinissable, attiré par un appel inconnu, Rolph qui était là, mais plus tout à fait à elle. La nature le reprenait sous son aile, ce petit-fils des loups qu'on lui avait enlevé, qui avait grandi et criait aujourd'hui vers un être grand et tout-puissant pour qu'il lui vienne en aide. C'était comme si le grand hiver, souverain redouté du monde arctique et de ses habitants, l'attirait enfin, avec sa puissance originelle, dans son essence primitive dont le jeune loup, par sa race et par sa naissance, faisait indubitablement partie.

En mourant, comme à l'instant de venir au monde, nous avons peur de l'inconnu. Mais la peur est quelque chose d'intérieur à nous-mêmes, qui n'a rien à voir avec la réalité. Ainsi mourir est comme naître : un simple changement.

Tous les hommes souffrent, pensa Allie. Mais ceux qui survivent, quelle que soit leur manière de se battre, sont ceux qui, au-delà de la souffrance, ont su se faire aimer, rire de leurs malheurs et en faire rire les autres...

Le coucher du soleil est un moment où tu peux te libérer, t'évader de ton corps et laisser voyager ton esprit. Quand le jour et la nuit fusionnent, tu peux à ton tour laisser tes rêves fusionner avec la réalité.

Tous les hommes souffrent, pensa Allie. Mais ceux qui survivent, quelle que soit leur manière de se battre, sont ceux qui, au-delà de la souffrance, ont su se faire aimer, rire de leurs malheurs et en faire rire les autres...

L'idée de fuir s'imposa à elle machinalement, comme à chaque fois, mue par cette crispation de refus qu'elle avait toujours respectée sans chercher à la vaincre. Elle évitait ; elle refusait. Elle ne voulait pas. Et elle fuyait.

Il faut apprendre à vaincre sa peur de l'invisible, de ce qui est inaccessible et qu'on ne peut ni toucher ni identifier. Mais cette peur est un sentiment dont l'homme est esclave.

Les loups tuent les élans et les mangent, et quand ils meurent à leur tour leurs corps se décomposent et se transforment en herbe, et l'élan mange l'herbe.