Citations de Elisabeth Foch (148)
Pour se rendre disponible aux signes qui vont surgir et révéler l'espace, les photographes n'ont pas de meilleure recette que de mettre un pied devant l'autre et faire confiance aux ressources du regard.
Les espaces désertés accueillent l'imaginaire et les photographes nous restituent cette hospitalité : il faut avoir l'âme généreuse pour faire une image avec du vide et accepter que le spectateur ait la liberté de l'achever à sa manière.
On ne perturbe pas impunément l'équilibre spirituel et moral.
Les déluges inondent toutes les croyances, les sautes de vent accompagnent de nombreuses révélations, les arcs-en-ciel et autres sons et lumières génèrent des apparitions.
Dans les déserts d'altitude, l'homme se croit investi de la mission de remplir l'espace vide.
Le vide apparaît alors comme un refuge pour ceux qui ont besoin de l'espace vital de l'imagination ou un tremplin pour les âmes téméraires, impatientes d'entrer dans l'inconnu.
Toutes les mythologies s'abreuvent aux sources de l'invisible et tentent de mettre des mots sur des choses que l'on ne voit pas mais qui sont pourtant essentielles.
Au bord du précipice, bien des arguties subissent la dure loi de la pesanteur.
Du vide à l'invisible il n'y a qu'un pas à franchir, vertigineux on s'en doute.
Mais le sacré est vénéré différemment selon les latitudes et le regard que portent les Japonais sur la montagne, loin d'être sacrilège, est empreint de vénération.
Pour les Aborigènes, la réalité physique existait avant la création mais n'avait pas de forme. Ce sont les esprits qui lui en donnèrent une : tels des artistes, ils modelèrent le paysage, les animaux, les hommes et les lois en traversant l'Australie.
Une menace rôde, qui atteint même le Canigou : celui-ci ne règne plus en maître du paysage mais subit bravement les assauts du ciel, comme le ferait un marcheur mouillé jusqu'à l'âme.
Au Puy-en-Velay comme ailleurs, les pèlerins savent que les puissances du ciel se manifestent de préférence sur les hauteurs et, dans le cas du christianisme, bien souvent par l'intercession de l'archange saint Michel.
Sur les hauts plateaux d'Ethiopie, l'Histoire sainte se lit à fleur de terre : au XIIe siècle, une nouvelle Jérusalem est creusée dans le roc, près d'une rivière appelée Jourdain. Au total, onze églises monolithes reliées par des galeries. Onze, pas douze; tout comme la tribu perdue, l'apôtre perdu, la douzième ne voit jamais le jour.
L'érémitisme éthiopien est une réponse au langage symbolique de la montagne qui offre à la fois refuge, solitude et révélation.
La fréquentation de la pierre est une technique brevetée par tous les ermites de la terre et la grotte constitue probablement le plus ancien sanctuaire de l'humanité.
Depuis leur muette complicité, pierres, ramures et nuées invitent l'homme à écouter aux portes de l'invisible.
Le paysage se fait métaphore de la vie.
Ici, il suffit d'une diagonale qui sépare le plein du vide pour entrer dans un univers de connivences subtiles avec les éléments.
Pour les taoïstes, les montagnes constituent un tremplin permettant aux hommes de communiquer avec les immortels et les puissances primordiales de la terre.