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On garde longtemps ses dialogues en tête : ils sont le reflet du savoir-faire de l’auteur en matière de recherche documentaire. C’est dans la parole incarnée de chaque profil de personnage, qu’il s’agisse d’un flic à bout de nerfs, d’une gendarme traditionaliste, d’un délinquant ultra-violent, d’une étudiante en droit issue d’une lignée de malfrats ou d’une fille de banlieue déterminée à tracer son chemin dans un monde qui ne veut pas d’elle, que le lecteur décode l’arrière-plan, l’état d’esprit et la trajectoire de chacun. Le sentiment de réel est plus fort que jamais. Le roman donne voix à sa galerie de personnages : la parole est à chacun, à tour de rôle. Au centre résonne celle de l’auteur, qui s’autorise une ironie mordante, que l’on avait vu poindre dans d’autres textes, et qui s’épanouit ici.
DOA ne se présente jamais comme un auteur engagé politiquement. Il ne prend pas parti, n’impose aucun point de vue, décrit froidement le réel. Mais sa position d’observateur consciencieux, soucieux de la vérité et de la complexité psychologique et morale des personnages en fait un auteur très politique. Non dans ce qu’il affirme, car il n’affirme rien, mais dans ce qu’il vient remuer dans la conscience de son lecteur, qui trouve dans son œuvre le constat amer que le monde va mal et la certitude jubilatoire que la littérature se porte bien.
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Ne parlez plus du « mystérieux DOA ». Il balaye l’adjectif du revers de la main, agacé. Il ne cultive pas le mystère, il cultive la discrétion. Son pseudonyme existait avant son entrée en littérature : on croisait alors DOA sur des forums ou aux manettes d’un blog. Comme tout le monde, il avait pris un nom de code, le sien était un acronyme, « DOA » comme Dead on Arrival, ou « Mort à l’arrivée », film noir réalisé par Rudolph Maté en 1950. Il était producteur de jeux vidéo, avec un accès privilégié aux remous et remugles de l’Internet balbutiant ; de quoi le vacciner contre le partage de données personnelles, bien avant tout le monde. Sur les forums, il a vu naître les phénomènes de meute, la diffamation, le harcèlement. Pas question de laisser ses coordonnées personnelles au tout-venant du web, ni même d’ailleurs. On imagine que le souci de discrétion remonte à loin. Fils unique d’une famille aisée, élevé près de Lyon, DOA s’absorbe tôt dans la lecture, expérimente ado les joies de l’écoute musicale, zigzague entre les attentes de parents soucieux d’offrir à leur fils une bonne éducation et son désir d’apprendre par lui-même, de s’inventer des mondes, d’élire ses figures tutélaires – des musiciens comme David Bowie, des écrivains tels que Tolstoï. On imagine un garçon calme, curieux, peut-être traversé de bouillonnements intérieurs, d’une envie de dépassement de soi, de rêves d’ailleurs.
La trajectoire de DOA suit une ligne courbe qui s’étire entre passion et raison, permet à chaque virage d’enrichir ses expériences. DOA veut creuser profondément, il veut aller vite. Bien avant de se mettre à écrire des romans mêlant l’enquête à la violence, il est à la fois un homme de questionnement et un homme d’action. Il commence ses études par un passage en faculté de langues orientales où il s’inscrit pour assouvir ses rêves de Japon, nés de la pratique du judo. Il passe ensuite sur les bancs d’une école de commerce. L’armée arrive presque par hasard, sur un désir de décollage imminent, après un faux départ frustrant dans le secteur bancaire. Quand il en sort, il se reconvertit dans le jeu vidéo, devient producteur au moment où cet art du virtuel atteint son âge d’or. DOA est un homme de voyages. Après Londres, où il travaille, il a envie d’Amérique. Le rêve américain se dérobe. Une intolérable oisiveté le surveille, il lui échappe en se confrontant à un autre vieux rêve : l’écriture.
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Vous vous effacez derrière la matière ?
Je crois qu’on peut dire que j’ai un traitement des sujets relativement distancié et équilibré. Pour autant, il n’est pas neutre. Un jour, un journaliste m’a dit : « Ce qui est ennuyeux avec vos livres, c’est qu’on ne sait pas où vous vous situez. » Comme s’il était primordial, pour un auteur, d’être « situé ». Grand naïf que je suis, j’ai toujours cru que c’était l’œuvre qui comptait. J’ai répondu à ce monsieur, c’était à propos de Pukhtu, un truc du genre : « Vous avez l’impression en me lisant que ce que je décris est beau, positif, joyeux ? Non ? Alors vous disposez, en creux, de tous les éléments nécessaires pour vous faire une idée de l’endroit d’où je parle. » Mes livres sont le reflet de la grande violence du réel et de l’angoisse que celle-ci provoque chez moi. De ma tristesse également.
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