Je le veux - Eliza Kennedy
« … Ma maison. Style Queen Ann, tout à fait dans l’esprit de l’architecture ancienne de l’île, avec galerie extérieure à deux niveaux et une tour ronde sur un côté. A moitié cachées par les palmiers et les bananiers de la petite cour, des volutes occupent chaque centimètre de la façade. » [p. 44]
« Finalement je me glisse hors de la maison et me dirige vers l’hôtel. Je passe par les petites rues, les allées poussiéreuses où vivaient les ouvriers. Quand j’ai quitté Key West, la plupart de ces maisons étaient délabrées – murs en planches vermoulues, bardeaux pourris, patios lépreux. Il en reste quelques-unes dans cet état-là, mais désormais presque toutes sont pimpantes, soigneusement repeintes dans des tons pastel, avec jardins artistiquement négligés et voitures allemandes garées à l’extérieur. Les pêcheurs et les fabricants de cigares ne reconnaîtraient plus leurs vieilles baraques. Le progrès, j’imagine … [p. 66]
Les années des chiens sont courtes. On en compte neuf pour une année humaine. Un chien de sept ans a en réalité quatre-vingt-seize ans.
«- Marée noire ? répète Lyle. Je ne connais pas ce terme. Tu te réfères à un accident industriel présumé sur une plateforme pétrolière qui a prétendument dispersé certaines quantités de pétrole non raffiné dans le golfe du Mexique ? … » [p. 73]
En sortant de la fac de droit, elle s’est installée seule, car aucun des avocats établis ne voulait l’engager. Ce n’était pas un travail pour une femme, selon eux. Elle leur a vite prouvé le contraire. Elle était intelligente, tenace et travailleuse. Et elle a gagné beaucoup d’affaires. En deux temps, trois mouvements elle a laissé tomber les petits délinquants pour s’occuper de grosses pointures : trafic de drogue, corruption policière, assassinat. Partie de zéro, elle a édifié un cabinet important en embauchant et en formant des avocats, en plaidant dans toute la Floride.
Le cabinet d’avocats ressemble à un asile de fous. Des assistants courent dans tous les sens avec des classeurs et des dossiers plein les bras, des secrétaires de l’équipe de nuit impriment et photocopient des documents, on dirait que la fin du monde est enjeu. Comme je ne suis jamais venue travailler dans ces conditions, tout me paraît bizarre et même un peu marrant. Je commence à rire, ce qui m’attire des regards noirs.
La seule chose dont on puisse être certain, c’est que dans la vie, rien n’est définitif.
Tu peux imaginer ce qui arriverait si les hommes connaissaient leurs conjointes avant de les épouser, et vice versa ? Ce serait un désastre ! L’institution du mariage péricliterait et disparaîtrait. La famille se désintégrerait.
Un divorce, c’est un mini Hiroshima. Je ne veux jamais divorcer.
Il n’y a pas plus mystérieux que le cœur humain. Qui peut dire en toute franchise qu’il connaît, qu’il connaît à fond, une autre personne ? Qui se connaît soi-même ?