J'aime ces petites attentions du quotidien : « Ne roule pas trop vite ! », «Mets une écharpe, il fait froid ce matin ! ». Elles sont le miel de l'amour.
Vous m'avez écrit qu'il n'y avait pas de moustiques à Dièn Biên Phu. Il n'y en a pas, mais chez les Viêts, ce doit être comme comme dans toutes les armées du monde. Si des moustiquaires sont prévues, on ne discute pas, on les met ! Ma moustiquaire me fera un très beau linceul. (p. 54)
La lumière grise du petit matin filtre par l'ouverture de l'abri. Le mobilier renversé s'entasse sur des corps hébétés par la mort. Le pétrole des lampes renversées, la poudre, le sang, les uniformes et les godillots humides concentrent en cet espace confiné toute l'odeur du combat. (p. 29)
L’homme ne voit pas le visage de la femme ; il est caché par le haut col du manteau qui la protège du vent d’octobre. Il entend ses paroles comme par l’intermédiaire d’un téléphone. Attentif aux voix, il les apprécie, même dissociées des personnes qui parlent. D’ailleurs ne préfère-t-il pas la radio à la télévision ? Des sentiments – intérêt, curiosité, empathie, émotion même – naissent en lui. Il ne les provoque pas, mais tout son être les accueille, vibre et résonne. Cette femme, dont il n’a toujours pas vu les traits, dont il ne sait rien, sauf qu’elle porte un très beau manteau, a besoin d’aide. Il l’accepte, car il est ainsi, à toujours écouter ses intuitions, à les servir même, à en prendre tous les risques, ne les soumettant à son raisonnement qu’a posteriori.
C'est fou comme certaines lectures, faites au matin d'une vie, peuvent orienter durablement ses choix. A dix-huit ans, vous découvrez Duras.
Pour éloigner la réalité, vous prenez un livre. Le temps de sa lecture, vous oubliez votre vie pour adopter celles des personnages.
Comme dit Mr Paul, au comptoir de Raymond : « Ce qu'il y a de bien à la campagne, c'est que dès qu'on sort, on est dehors ».
Belle écriture, belle histoire, à découvrir