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Citation de Charybde2


En réalité, ce genre de portrait vient à la fin du voyage plutôt qu’au début,une fois qu’on a lu, relu, bien lu, assez lu, et qu’on pense avoir compris quelque chose. Ou bien, alors qu’on n’en peut plus et qu’il faut en finir, en choisissant, en tranchant dans le vif de l’auteur, car trop d’angles sont possibles. Trop d’attaques. Trop d’infini dans la littérature. Pour ne pas se perdre, on ramasse, on condense. On digère et on restitue le produit de cette digestion rapidement, avec la sécheresse de la synthèse et son caractère impersonnel. On perd les oscillations du temps, de la jeunesse enfuie, on perd ce tremblé qui est, aussi, la manière dont on vacille lorsqu’on lit.
La lecture, cette réaction chimique née du frottement de deux imaginations, celle du lecteur et celle de l’auteur, est en effet affaire de tâtonnement, d’hésitation, parfois de joie ou de colère, et même de déception. C’est une lutte dans le corps, entre la sensibilité et l’intelligence, et parfois un emportement d’enfant. C’est toujours un peu brouillon, parce que vivant. On lit, notre cœur s’emballe, bêtement, on veut que l’auteur qu’on aime devienne le nôtre, on se trouve des affinités avec ceux qui l’aiment à leur tour. On pourra même, dans un moment de faiblesse légèrement honteuse, souhaiter l’avoir découvert avant les autres. Et lorsque cette être imaginaire et pourtant si présent dans la chair de ses phrases s’incarne dans un homme qui faiblit ou qui chute, c’est en personne qu’il nous déçoit. La lecture nous emporte, nous élève et, dans un même mouvement, elle nous désorganise. Cela, vous le savez, je le sais, et mon éditeur le sait.
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