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Citation de migdal


Jules Romains était un auteur à succès publiant chez Gallimard. Le cycle des Hommes de bonne volonté qu'il acheva en exil lui donna une renommée internationale. Normalien, homme de lettres pacifiste et démocrate, il représentait pour les tenants de la Collaboration parisienne l’incarnation même du « mauvais maître ».

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Il choisit de quitter la France avant même l'armistice. Il s'en expliqua deux mois après depuis un micro de New York relayé par la BBC : « C'est pour défendre la liberté de l'esprit, pour sauver la part de ce trésor qui m'avait été confié, que j'ai quitté une terre très chère, mais brusquement menacée par la servitude. Comme président international de la Fédération des écrivains du monde, que nous appelons les Pen Clubs, j'ai transféré à New York le siège de cette présidence... »
En effet, Romains avait été élu président des Pen Clubs au Congrès de Buenos Aires en 1936. Cette institution née de la dernière guerre et accompagnant les tentatives de concertation internationale de la SDN était le grand forum de l'esprit de Genève dans le monde des lettres. Elle souffrit, à partir de 1936, des contradictions habituelles entre le pacifisme fondateur, la volonté d'apolitisme et une dynamique antifasciste qui prenait corps chez certains de ses membres et dans d'autres associations d'écrivains. La décision unilatérale de son président de transférer le siège en Amérique fut diversement appréciée, en particulier des membres fondateurs anglais, puisqu'il sera, l'année suivante, lors du Congrès de Londres, demis de ses fonctions sans préambule.

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Robert de Saint-Jean décrivant avec malice les attitudes des hommes de lettres présents à New York parle d'Henry Bernstein « excommuniant la France entière » de l'hôtel Waldorf Astoria, d'André Maurois entreprenant à l'hôtel Pierre de réconcilier les exilés entre eux (comme Saint-Exupéry). Quant à Jules Romains, il le saisit en majesté : « Jules Romains méditait de fonder un grand comité parce qu'il lui semblait naturel que la Résistance prît pour chef non pas un général à titre temporaire mais un auteur aux titres définitifs. » Finalement, Jules Romains et sa femme, dégoûtés par l'atmosphère, selon eux, délétère de New York et de l'exil , quittèrent la métropole américaine pour le Mexique en novembre 1941. La bonne volonté avait été encore une fois mise en défaut. Pas tout à fait cependant puisqu'en 1946, lorsqu'il rentra en France, il put bénéficier de l'appel d'air d'une institution sérieusement en crise et que de Gaulle poussait à renouveler : il entra à l'Académie française et rejoignit ainsi son ami d'exil, André Maurois.
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