Chaque minute de vie est un sursis. Un excédent gracieusement offert par le destin. Hier encore, il aurait pu croire que c'était un signe, une preuve qu'il était élu, choisi pour délivrer au monde la quintessence de son génie, l'oeuvre ultime, qui l'introduirait au panthéon des poètes pour l'éternité. Il aurait ri de sa fatuité, mais une part de lui aurait pris cette idée très au sérieux. A présent il sait. Le monde n'attend rien de lui, rien de plus ou de moins que ce qu'il a été capable de donner. Le monde s'en fout.