(Le 29 octobre 1941 un recensement va avoir lieu sur la Demokratiaplatz où la foule des habitants du ghetto est rassemblée). Un Juif nommé Eliahu qui avait fui de Varsovie en Lithuanie (en 1939), échappant pour un temps au piège allemand, savait que la plupart des gens qui attendaient sur la place allaient être mis à mort le lendemain.
Il me demanda : "Quel est le texte exact de la bénédiction que les martyrs doivent prononcer avant d'être tués ? Doit-on dire "toi qui nous as sanctifiés par tes commandements et nous as prescrit la sanctification du Nom", ou bien "qui nous as commandé de sanctifier le Nom ?" Il voulait savoir quel texte utiliser au juste pour ce qui allait être sa dernière mitsvah. De plus, il voulait l'enseigner au plus de gens possible quand leur tour allait venir.
Réponse.
Je statuai que la bénédiction exacte n'était aucun de ces deux textes, mais celui qu'avait établi le Shelah (décisionnaire célèbre), qui est : "qui nous as commandé de sanctifier Son Nom en public", texte que je me préparais à réciter.
Reb Eliahu le répéta plusieurs fois, puis en informa les autres afin qu'ils soient préparés quand leur moment viendrait de sanctifier le Nom.
Plus tard, il me dit que le Sage assassiné Rav Elhanan Wassermann avait enseigné à son fils, Rav Naftoli - que Dieu venge son sang ! - ... ce même texte.
Enfin, j'ai entendu dire au petit-fils du Hafetz Hayim, Rabbi Yehoshu'a Levinson - que Dieu venge son sang ! - qui était au ghetto avec nous, qu'il avaient entendu son grand-père enseigner la même chose pendant la Première Guerre Mondiale, quand des bandes d'assassins maraudaient dans toute la Russie, conduits par Petliura, Makhno et d'autres.
pp. 38-40
(Après la guerre, retrouver les enfants cachés dans des églises et couvents par leurs parents).
Parce que beaucoup d'enfants furent commis à la garde de ces prêtres, il fallut leur rendre visite dans les églises pour les persuader de rendre les enfants à des familles juives. Souvent, la présence d'enfants juifs était totalement niée en ces termes, "Nous ne savons pas ce qui est arrivé aux enfants juifs qui furent placés chez nous". Pendant la période suivant la libération, puisqu'il y avait des doutes sur la présence des enfants, la question se posa : était-il licite d'entrer dans une église pour s'enquérir de la présence des enfants ? Par extension, la question se posait aussi aux presbytères où les prêtres vivaient à côté des églises, puisque des reliques et des icônes s'y trouvaient et y faisaient l'objet d'un culte.
Réponse.
Il est clair que l'intention de Juifs entrant dans ces lieux était de sauver des enfants juifs du culte chrétien. Personne ne songerait que ces Juifs entraient là pour y adorer, Dieu préserve ! Je statuai donc qu'il fallait faire tous les efforts nécessaires pour chercher les enfants dans les églises ... et le fis moi-même personnellement ...
p. 132-133