Paris, 6 juin 1944
Passé la soirée chez Spiedel à la Roche-Guyon. Trajet incommode, à cause des ponts détruits sur la Seine. Nous sommes repartis vers minuit, manquant ainsi d'une heure l'arrivée au quartier général des premiers rapports sur le débarquement. La nouvelle s'est répandue à Paris ce matin : elle a surpris bien des gens, et surtout Rommel absent de la Roche-Guyon hier soir : il était parti pour l'Allemagne fêter l'anniversaire de sa femme. C'était une fausse note dans l'ouverture d'une si grande bataille. Les premiers éléments détachés ont été repérés peu après minuit. Des flottes nombreuses et onze mille avions ont participé aux opérations.
C'est là sans aucun doute le début de la grande attaque qui fera passer ce jour dans l'histoire. J'ai été tout de même surpris, et précisément parce qu'on avait proféré tant d'oracles à ce propos. Mais pourquoi ce lieu, ce moment ? On en disputera encore dans les siècles à venir.