Etienne Bouche vous présente son ouvrage "
Memorial face à l'oppression russe" aux éditions Plein jour.
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- Moscou est le principal foyer culturel et artistique de Russie. En quoi cette ville favorise-t-elle la créativité ?
En tout temps, quel que soit le système politique, la créativité de Moscou n’a jamais pu être étouffée. Cela fait trois siècles que le pouvoir russe s’emploie à unifier cet immense pays, à contenir sa diversité, mais contrôler une ville aussi éclectique est tout simplement impossible. Même le pouvoir soviétique, qui était pourtant bien plus rude, n’y est pas véritablement parvenu. Moscou est un conglomérat complexe défendant son indépendance envers et contre tout. J’entends souvent que Moscou n’est pas la Russie, un peu comme New York et les Etats-Unis. Moscou fait partie de ces villes ayant son destin propre, sa propre logique de développement. Elle façonne son avenir en dépit des obstacles. Moscou concentre la majorité des forces intellectuelles, aussi bien dans l’art que dans les affaires, et c’est cette concentration qui en fait un espace de liberté. La société moscovite est très dynamique. Cette ville a bien des défauts, mais une chose est sûre : l’ascenseur social existe à Moscou. Un provincial peut y faire carrière rapidement.
Avant 1988, le marché de l’art n’existait pas. Il n’y avait pas de galeries privées et le métier de collectionneur était interdit. Seul l’Etat passait des commandes. Les œuvres transitaient au départ, dans le secret par l’intermédiaire de diplomates. La perestroïka a ouvert des perspectives : le marché est né quand directeurs de musées et galeristes étrangers ont commencé à venir ici.
Vous avez joué un rôle central dans l’exceptionnelle donation d’art contemporain russe au Centre Pompidou – plus de 250 œuvres réunies avec le soutien de la Fondation Vladimir Potanine et présentées en 2016-2017 dans le cadre de l’exposition « Kollektsia ! ». Ces œuvres n’avaient-elles pas leur place en Russie ?
Les artistes de cette collection sont, bien sûr, reconnus en Russie mais pas à leur juste valeur. En voyageant, j’ai acquis la certitude que les œuvres existent à partir du moment où elles sont exposées dans les grands musées internationaux. La dispersion à l’étranger contribue toujours à la reconnaissance de l’art et à son rayonnement. La collection du Centre Pompidou va donner une visibilité durable à l’art russe tout en le replaçant dans un contexte mondial.
- Vous êtes née en 1956 à Moscou et y avez toujours vécu. Qu’aimez-vous tant dans cette ville ?
Moscou fait partie de ces villes mondiales dont la spécificité est l’incroyable énergie intérieure. Moscou est un aspirateur qui aimante les forces vives de tout le pays. Il y a le rêve américain, mais aussi le rêve russe : celui de s’installer à Moscou ! Pour beaucoup, cette ville est la promesse d’une vie excitante. Venir à Moscou, c’est choisir son mode de vie et s’épanouir en tant qu’individu.
De plus, le milieu artistique moscovite repose désormais aussi sur des fonds privés. Les nouveaux lieux de culture ont été financés par les grosses fortunes du pays, ce qui interroge leur viabilité : s’agit-il d’une implication durable ?
Il était impossible d’envisager un musée consacré à l’art contemporain qui, dans le contexte des années 1990, n’intéressait personne. Il n’y avait pas de public. Quant aux artistes, beaucoup avaient émigré.
La photographie me semblait l’art le plus accessible au grand public, le plus facile à pénétrer au premier regard. Il manquait à la Russie, grand pays de littérature, une vraie culture visuelle.
"En Russie, l’absence de pression, c’est déjà une forme de soutien. "