Quoi de plus simple que d'accrocher dans sa chambre une grande feuille de papier pour qu'il puisse y dessiner, au lieu de lui interdire catégoriquement "d'écrire sur les murs". Légitimité dans son désir, l'enfant se sent soutenu dans son activité créatrice tout en comprenant quelles sont les limites à ne pas dépasser.
Et qu'importe qu'il ne devienne jamais un Cézanne ou un Picasso s'il devient plus simplement lui-même.
L'image diminue sensiblement la marge d'autonomie qu'offre par exemple la lecture. Avec le livre, l'enfant conserve la liberté de se faire son film intérieur par l'intermédiaire des mots. Mais comment peut-il imaginer sa Blanche-Neige, celui qui a déjà vu le film de Walt Disney? L'image appauvrit le sujet en lui imposant une situation qui coupe court à l'émergence de la rêverie. N'est-ce pas pour cette raison que l'on est si souvent déçu par l'adaptation en images d'un roman que l'on a aimé?
L'enfant éprouve souvent des accès d'angoisse, de crainte et d'abandon, émotions qu'il a du mal à exprimer par des mots. Il le fait en employant des moyens détournés que les parents comprennent avec difficulté et qu'ils se bornent à dédramatiser. Or le conte de fées aborde très sérieusement toutes ces angoisses sans pour autant leur expliquer rationnellement, dans la mesure où cela n'est pas forcément à la portée de celui qui écoute l'histoire.