AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Tandarica


Spiru Karaianis était trapu, il avait de grosses mains et une tête de bouledogue, les dents espacées et des lèvres épaisses. C’était le type même du Levantin aux multiples patries, qui s’était enrichi sur le Danube. Venu tout jeune de Marmara, il fut tour à tour balayeur des bureaux d’une agence de voyages dirigée par son oncle, coursier pour documents douaniers et de capitainerie, transporteur de vivres en barque et quatorze ans seulement après, de simple batelier, il devint armateur millionnaire, en possession de quatre navires. En dehors des qualités innées, il était armé d’un anglais levantin appris au Roberts College, école américaine de Constantinople. Au cours d’un voyage à Londres, il avait comploté avec une partie des armateurs anglais pour évincer son oncle ; en détournant à son profit toute sa clientèle, il s’était établi à son compte. Vite enrichi, il n’oublia pas sa patrie. Il avait fait construire à ses frais deux écoles : l’une dans son village natal, l’autre au Pirée.
Admiré, et même envié, il se partageait entre ses trois patries. Il était né dans une île de Turquie, s’était enrichi en Roumanie et faisait de la politique en Grèce.
Il participait à tous les congrès avec mandat de représenter les intérêts des armateurs de la marine marchande grecque.
Affamé, Karaianis surveillait Evantia avec des yeux de loup depuis le jour même où elle avait débarqué à Sulina. Mais il n’avait jamais pu l’approcher. Et soudain, alors qu’il s’y attendait le moins, il vit que le fruit désiré ne demandait qu’à être cueilli. Par défaut de maîtrise, il se démasqua, incapable d’étouffer le désir suscité par l’apparition de la fille venue naïvement quémander un emploi pour son père.

(p. 230)
Commenter  J’apprécie          190





Ont apprécié cette citation (8)voir plus




{* *}