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Citation de Partemps


POUR UNE MÉTHODE [5]


Pourtant, la méthode que j’avais proposée était simple, c’est sans doute la seule qui permette de voir la chose littéraire d’un œil discipliné. A l’opposé, sont les forces de la superstition et de, la tendance. Les gens considèrent la littérature comme quelque chose de beaucoup plus flasque et incertain et compliqué et indéfini que, disons, les mathématiques. Son objet, la conscience humaine, est plus complexe que le nombre et l’espace. Elle n’est pas, cepen­dant, plus compliquée que la biologie, et personne n’a jamais’ songé à le con­tester. Nous appliquons un système de feuilles détachées dans nos classifications de manière à pouvoir séparer les articles morts des articles vivants. Dans l’étude des phénomènes physiques nous commençons par de simples mécanismes, coin, levier et point d’appui, poulie et plan incliné, tous aussi valables que lors de leur découverte. Nous procédons par l’étude des découvertes. On ne nous demande pas de retenir la liste des éléments qui composent une machine à roues latérales.
Et nous pourrions probablement appliquer à l’étude de la littérature un peu du sens commun que nous appliquons couramment à la physique ou à la biologie. En poésie il y a des procédés simples, et il y a des découvertes connues, désignées clairement. Comme je l’ai dit en différents endroits de mes essais fragmentaires et décousus, à chaque époque, un ou deux hommes de génie découvrent quelque chose et l’expriment. Cela tient en une ligne ou deux, ou dans la qualité d’une cadence ; et par la suite, deux douzaines, ou deux centaines, ou deux ou plusieurs milliers d’imitateurs le répètent, le modifient et lui ôtent toute efficacité.
Et si le maître voulait bien choisir des exemples pris dans les ouvrages qui contiennent ces découvertes, et seulement sur le plan de la découverte — qui tient à l’étendue de la profondeur, et pas seulement à quelque nouveauté superficielle — il aiderait beaucoup plus ses élèves qu’en leur présentant les auteurs au petit bonheur, et en parlant d’eux « in toto ».
Inutile de le dire, cette présentation serait entièrement indépendante de toute considération qui amènerait ces passages à faire de l’étudiant un meilleur républicain, monarchiste, moniste, dualiste, rotarien, ou autre sectaire. Pour éviter toute confusion, disons tout de suite qu’une telle méthode n’a rien à voir avec ces prétendues méthodes scientifiques qui abordent la littérature comme si c’était « autre chose » que la littérature, ou avec ces tentatives scientifiques pour subdiviser la littérature en éléments selon une échelle de valeurs inap­plicable à la littérature.
On ne classe pas la physique ou la chimie selon des catégories raciales ou religieuses. On ne met pas dans une catégorie des découvertes faites par des Méthodistes et des Allemands, et dans une autre les découvertes faites par des Episcopaliens ou des Italiens.
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