AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Souri7


Elle avait besoin de parler à quelqu’un, quelqu’un en qui elle avait confiance et qui ne répéterait rien à Lenore. Sookie décrocha le téléphone sur la table de chevet et composa le numéro de Dena Nordstrom, sa vieille copine de fac, qui habitait maintenant dans le Missouri. Dena répondit à la première sonnerie.
– Dena, c’est Sookie.
– Sookie ! Bonjour…
– Dieu merci, tu es là. Tu n’imagines pas ce qui me tombe dessus.
– Il est arrivé quelque chose à Earle ?
– Non.
– Aux enfants ?
– Non.
– À ta mère ?
– Non… À moi !
– Qu’est-ce qu’il y a, ma chérie ? Tu es malade ?
– Pas malade, non. Polonaise !
– Quoi ?
– Oh, c’est toute une histoire… Un type qui me téléphone du Texas, qui me dit que je ne suis pas celle que je pense, comme si j’avais le moindre doute. Et hier, on me porte une lettre qui affirme que je suis une enfant adoptée, que Lenore n’est pas ma vraie mère, ni papa mon vrai père. Ça n’est pas tout : j’ai un an de plus que je croyais. Je ne suis même pas Lion. Toute ma vie, je me suis trompée d’horoscope.
– Attends… Tu es sûre de ce que tu avances ?
– Oui, sûre. Octobre, c’est la Balance.
– Non, non… cette affaire d’adoption.
– Tout est écrit là. J’ai les documents sous les yeux. Le 31 juillet 1945, M. et Mme Alton Krackenberry ont adopté une petite fille dénommée Ginger… Jurdbberlnske… enfin, bref, un bébé polonais. C’est moi. Ou c’était moi. Ma vraie mère est native du Wisconsin et, par-dessus le marché, je suis sûrement catholique. C’est des fanatiques du baptême, ces gens-là.
– Oh là là… Et qu’en dit Lenore ?
– Je ne lui en ai pas parlé.
– Et aux enfants, tu leur as dit ?
– Non. Tu es la seule personne, avec Earle, qui soit au courant. Comme tu es mariée à un psychiatre, je savais que tu comprendrais. Je me sens désemparée, trahie. Lenore sait que je ne suis pas sa vraie fille, et quand je pense à tous les trucs qu’elle m’a forcée à faire, toute cette comédie… Elle me donnait mauvaise conscience parce que je ne lui ressemblais pas. Évidemment que je ne lui ressemblais pas, c’est impossible ! Grâce à elle, j’ai depuis l’âge de seize ans ma carte de l’Union des filles de la confédération6. Alors que je ne suis même pas du Sud ! Je suis une Yankee, du Nord ! Le pire, Dena, confia Sookie entre deux sanglots, c’est que je ne suis pas une Kappa non plus.
– Comment ça ? Bien sûr que si !
– Non. C’est une imposture. Je vais devoir me démettre. Si on m’a acceptée, c’est par égard pour Lenore. Il va falloir que je rende mon badge et tout le reste.
– Ne dis pas de bêtises, Sookie, tu es devenue Kappa parce que tu étais appréciée. On a été recrutées ensemble, tu ne te rappelles pas ?
Sookie n’écoutait plus et poursuivit sur sa lancée.
– Mon Dieu, même mon entrée au Selma Country Club était une imposture. J’avais dit à Lenore que je ne voulais pas être une débutante, mais elle n’a rien voulu savoir et je me suis ridiculisée. Qu’iront penser les gens quand ils découvriront que je ne suis ni une Krackenberry ni une Simmons, mais une enfant illégitime, une orpheline polonaise, yankee par-dessus le marché ?
– Eh, une seconde ! Pourquoi serais-tu illégitime ?
– Parce que sur mon acte de naissance, il y a la mention « père inconnu ».
– Oh, écoute, les gens ne se soucient plus vraiment de ce genre de chose, à notre époque.
– Moi si. J’ai l’impression d’être une usurpatrice, une arriviste, une parvenue. C’est à mourir de honte. Je me vois dans le miroir, à l’instant, et je suis rouge tellement j’ai honte.
Commenter  J’apprécie          302





Ont apprécié cette citation (25)voir plus




{* *}