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Citation de Agneslitdansonlit


Papa, je l'ai surtout haï après sa mort. Avant, je n'osais pas, même en secret, car je le soupçonnais de pouvoir lire dans mes pensées. J'étais trop occupé à observer une distance prudente en raison de la crainte qu'il m'inspirait, même si ce n'était pas celle qu'inspire un tyran dont on peut attendre toutes sortes de cruautés, mais la sensation d'infériorité et d'échec que j'éprouvais en sa présence. Cette sensation abrasive s'intensifiait quand il avait un geste bienveillant à mon égard. J'étais alors accablé par l'idée qu'il me prenait pour un farceur qui aurait usurpé sans l'avoir mérité un sourire de lui, une petite tape d'approbation ou quelques mots cordiaux. J'éprouvais à l'égard de papa une crainte émaillée d'admiration, peut-être même d'affection. Avant que nous l'ayons enterré, je ne mesurais pas combien il avait été nuisible pour moi. [...] Il se passe la chose habituelle ; on perd un membre de sa famille et on est triste de l'avoir laissé partir sans lui dire combien on le haïssait ou l'aimait, ou les deux à la fois, alternativement ; désolé, papa, mais je n'ai pas eu le cran de me planter devant toi un jour de poser la main sur ton épaule et de te dire, d'une voix sereine et ferme, les yeux dans les yeux, que tu étais un drôle de type, mi-dieu, mi-porc. (P.155)
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