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Citation de lafilledepassage


Le temps écoulé de trente-cinq à soixante-cinq ans défile devant l’esprit passif comme un manège confus et incompréhensible. Un manège de chevaux boiteux, essoufflés, il est vrai, peints d’abord de teintes pastel, puis de gris ternes et de bruns, mais qui déroute, provoque un vertige intolérable, comme jamais ne le firent les manèges de l’enfance et de l’adolescence, ni sûrement les montagnes russes au cours défini, dynamique, de la jeunesse. Pour la plupart des hommes et des femmes, ces trente années se caractérisent comme une retraite graduelle de la vie, l’abandon d’abord d’un front aux nombreux refuges, ces mille plaisirs et curiosités des jeunes gens, pour une arrière-ligne où l’on réduit toutes ses ambitions à une seule, ses distractions à une seule, ses amis à une poignée auxquels nous sommes insensibilisés ; pour se retrouver en fin de compte sur un bastion désert, désolé, désarmé, où tantôt on entend le sifflement des obus, tantôt on ne le perçoit plus qu’à peine, tour à tour pris de peur et de fatigue, dans l’attente de la mort.
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